Contre-critique

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"Dahlia" de H. Tsuji

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"Dahlia" de Hitonari Tsuji.

"Il était inévitable que, harcelé par les jérémiades de sa femme, il s'en lamentât à son tour. L'ancien professeur répliqua en riant que c'était partout pareil. Mais ce n'était déjà pas si mal d'avoir une compagne dont se plaindre, car la sienne l'avait laissé seul depuis belle lurette."

Un vieil homme habite une maison qui fait place à des apparitions fantomatiques, sa femme ne fait que rouspéter après lui, et son quartier est devenu mal famé. Le vieil homme se balade et bientôt les morts se confondent avec les vivants. Le récit débute ainsi avec "Les êtres vivants", une très bonne idée qui n'est malheureusement pas suffisamment exploité.

S'ensuit "Tiens, ton chien te regarde" une partie qui révèle l'apparition de Dahlia, un étrange jeune homme qui va séduire et s'insinuer dans la vie d'une femme lasse dont le mari lui a offert un épagneul cocker. On verra ensuite le point de vue du mari face à cet intru. Débute alors un questionnement original et convaincant, mais qui malheureusement ne va pas suffisamment en profondeur.

"Ça n'avait rien d'un baiser, mais on me collait vigoureusement une protubérance enflée. J'aurais voulu pousser un cri, ma bouche, ou plutôt la moitié de mon visage, était bouché et le moindre mouvement était interdit. Mes yeux étaient pourtant ouverts(...)"

Ce très court roman possède une part de sensualité morbide qui se déploie au fil des pages et il acquiert une atmosphère intrigante qui finit par produire son effet sur le lecteur. Alors qu'au départ cela ressemblait à un recueil de nouvelles, chaque partie va bientôt s'imbriquer avec les suivantes et révéler un captivant kaléidoscope. Tsuji esquisse un voile troublant qui vient filtrer son histoire et brillamment frôler le surnaturel.

Traitant de la vieillesse, de l'amour, de l'adultère ou encore du racisme, "Dahlia" offre un panel de couleurs très étendu en si peu de pages et s'avère une lecture facile mais intelligente, bien plus prenante qu'elle ne le laissait penser au départ.

Dommage pourtant que la figure du diable apparaisse, on aurait préféré davantage de subtilité.

Quant à la fin, elle bascule totalement dans le métaphysique.

R.P.



18/09/2014
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