Contre-critique

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"Ikebukuro West gate park III" de I. Ishida

 

"Ikebukuro West Gate Park III : Rave d'une nuit d'été" de Ira Ishida.

 

"Depuis le début, il y a une dizaine d'années, dans des îles espagnoles isolées de tout ou des minuscules pubs anglais, raves et drogues sont inséparables. Comme le bébé et sa tétine."

Vous l'aurez compris, cette nouvelle enquète dans le quartier d'Ikebukuro, et bien que la traduction française "Rave d'une nuit d'été" y ajoute un accent shakespearien, va aborder le milieu mouvementé de la nuit, dans lequel musique et stupéfiants se conjuguent à merveille.

Rappelons que "Ikebukuro West Gate Park", abrégé IWGP, suivent les mésaventures de Makoto, un jeune homme d'une vingtaine d'année qui, souvent en partenariat avec le gang des G-boys, résout les problèmes de son quartier. Et cette fois Makoto va goûter aux joies des raves party.

"Exister dans ce monde, c'était se déchaîner. La vie, c'était la puissance de se déchaîner sans être retenu par aucune morale. Sans être restreint, contrôlé, réprimé. Une force qui débordait, qui se démultipliait, et qui continuait à marquer le rythme."

Sans même s'adonner aux drogues, au contraire il les combat puisqu'une nouvelle substance psychotrope verte envahit dangereusement les soirées, Makoto va apprécier l'osmose de la musique alliée à la danse d'un public ivre de vie et de liberté, et se livrer à des moments de réflexion lucide sur la situation de son temps :

"Les religions étaient mortes, la pensée sociale de gauche était morte, les protestations postérieures aux années soixante-dix n'avaient rien donné. Nous vivions une époque où seule cette danse insensée permettait de partager une extase collective."

Ancré dans la réalité actuelle, IWGP s'adresse aussi bien aux jeunes adolescents qu'à un lecteur adulte qui s'interresse à son époque. Les situations et les personnages rencontrés au fil des pages semblent prélevés directement de la réalité. On peut d'ailleurs voir ce roman comme une étude sociologique de la jeunesse nippone des années 2000.

L'auteur ne s'exempte d'ailleurs pas d'user d'un humour féroce envers ses contemporains :

"Des primitifs de Tôkyô, dont seul le pouce avait développé une incroyable habileté à taper des mails sur leur portable. Une tribu vivant dans une contrée misérable qui n'apparaissait dans les statistiques économiques qu'au titre de marché pour les portables nouvelles génération."

Si vous avez déjà lu les précédents volets de IWGP, vous pouvez vous jeter sur celui-ci sans retenue. Vous aurez le plaisir de retrouver les personnages principaux : l'instigateur Makoto, adepte de musique classique et vendeur de légumes à mi-temps, ou Takashi, l'efficace King des G-boys tout en retenu, mais aussi des nouveaux venus : Eddy, le métis souriant adepte des stupéfiants, ou encore Towako, la séduisante chanteuse unijambiste. Pour les néophytes, pas d'inquiétudes, ce troisième roman peut se lire et être apprécié indépendamment des deux autres.

"- C'est bon. Je vais t'expliquer qui ils sont et ce qu'on attend de toi. Mais de toute cette histoire, pas un  mot aux flics. Parce que nous serions alors tous en danger."

Ce roman est lui aussi un polar car Makoto doit résoudre une enquète ; celle que lui confie le dirigeant de Heaven, une boite organisatrice de raves : à savoir débusquer et stopper Ouroboros, les dealers d'un nouveau produit aux graves conséquences.

Le style de Ishida demeure une écriture toujours très simple mais efficace, des personnages attachants et crédibles (la fin est presque émouvante), et du bon temps à partager en leur compagnie plutôt que des enquètes élaborées et des dilemnes complexes. IWGP reste un divertissement plaisant, qui se lit rapidement et se savoure pendant l'été, tout comme une midsummer rave. Avis aux amateurs !

R.P.



25/08/2012
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