Contre-critique

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"L'autre ville" de M. Ajvaz

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"L'autre ville" de Michal Ajvaz.

 

"Cet objet inconnu et imprévisible que j'avais rapporté dans mon appartement comme l'œuf d'un oiseau de mauvais augure m'inspirait à présent de l'inquiétude ; je me dis pourtant qu'il n'y avait aucune raison de s'en faire, et que le livre, comme tant d'autres chose angoissantes qui font irruption dans notre monde, allait grandir en silence..."

Tout commence avec la découverte d'un livre à la reliure violet sombre dont les pages sont couvertes d'un alphabet inconnu. Le narrateur, obsédé par sa trouvaille, va rapidement tenter d'en déchiffrer le mystère, sa curiosité aiguisée par un bibliothécaire qui le met pourtant en garde contre certains mystères rattachés à notre monde.

Le postulat semblait efficace et l'idée de découvrir, par le biais du narrateur, un monde parallèle cachée avait de quoi allécher le lecteur, pourtant force est de constater que la forme frôle parfois l'indigeste. Car une fois passée l'obsession de l'écriture indéchiffrable du livre, le roman se perd en digressions sinueuses et lassantes à propos de personnages et de lieux qui n'ont ni queue ni tête. L'auteur oublie l'intérêt de son lecteur dans les méandres de longs passages improbables et fastidieux puisque l'ensemble ne semble comporter aucun squelette. On dirait que l'auteur s'est laissé aller à ses rêveries, plongeant dans un onirisme mal abouti et trop peu poétique pour vraiment charmer. Ainsi le narrateur assiste à de curieuses manifestations, se retrouve par exemple entouré de belettes qui tirent des postes de télévisions au message obscur, ou alors il court après un tram vert qui se perd dans des bois enneigés. Et plus les pages du livre passent, moins on voit où l'auteur veut en venir.

"Mais j'ai fini par comprendre que la cité cachée exerce sur mon mari un magnétisme beaucoup plus puissant que la cohésion de notre famille. Je me suis résolue à ma solitude."

Contrairement au passage ci-dessus, le personnage principal du roman n'a pas de vie à proprement parler, n'ayant ni profession, ni passé, ni famille. Du coup dès le départ on ne sait pas où l'on se trouve, rien ne semble réel, les personnages n'ont pas de profondeurs. Il n'y a donc pas de choc lors des passages entre la réalité et le monde caché qui s'offre à nous. Dans ces conditions, on se lasse rapidement des pérégrinations du héros qui semble dirigé par les seules lois du hasard.

Bien sûr il y a un sens a tout cela et le héros finira par accéder à l'autre ville qu'il a cherché à atteindre durant tout le roman, mais le message est dilué dans dans rencontres hasardeuses et lassantes. Et sous la plume de Ajvaz, même un combat contre un requin devient ennuyeux.

R.P.



15/10/2015
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