Contre-critique

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"Le temps qui va, le temps qui vient" de H. Kawakami

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"Le temps qui va, le temps qui vient" de Hiromi Kawakami.

 

"Le quartier est extrêmement pratique. Situé à une vingtaine de minutes du centre de la capitale, il est desservi aussi bien par le métro que par le train. Immeubles d'habitation, logements modestes, maisons individuelles se côtoient dans une absence totale d'homogénéité." 

Avec ce roman simple et doux, on découvre, à travers une galerie hétéroclite de personnages, la vie d'un quartier de Tôkyô. C'est dans une atmosphère aussi cordiale que chaleureuse que règne un microcosme gravitant autour des petits commerces comme la poissonnerie Uoharu. Chacun y va de ses petites préoccupations qui font l'essence même de la vie, tandis que les trajectoires individuelles s'imbriquent les unes dans les autres.

On aime à se perdre dans ce dédale de destinées, où l'on retrouve au départ Yaokichi la maraîchère, Heizô le poissonnier, Taeko Karaki la prof d'anglais, ou son élève Yuzuru. On aborde aussi le mariage arrangé avec celle qui va épouser Chigira Shirô et son amitié avec la belle-mère Yayoi. Les plus singulières trajectoires étant celles de Taniguchi dans "Le serpent tombe dans le trou" et ses mésaventure dans la vie active, ou encore Ren dans "La quatrième complainte sentimentale" qui fréquente une femme plus âgée que lui. 

"Avec le temps, ceux qui étaient censés être des amis deviennent seulement des gens qu'on connaît. Après l'entrée au collège ou au lycée, on s'aperçoit bientôt que la dizaine d'amis qu'on croyait avoir s'est réduite à un ou deux. Quand on se retrouve à l'université, même eux finissent par disparaître sans qu'on ait eu le temps de s'en apercevoir."

Les personnages de ce roman de Kawakami sont très souvent passifs et semblent refléter la personnalité de la romancière qui ne va pas au conflit et qui se laisse guider par les autres et les aléas de la vie. Dans "Le temps qui va..." on oppose peu de résistance, on accepte les propositions, même les rencontres arrangées, ou bien on quitte son emploi lorsque la situation devient délicate, mais on ne fait pas de choix franc qu'on tente d'imposer à toute force. On doute beaucoup, on hésite, et finalement on glisse doucement dans le courant de la vie qui nous emporte comme une rivière.

Le récit est moins décousu que dans son dernier "Soudain, j’ai entendu la voix de l’eau" et "Le temps qui va..." met bout à bout de petites histoires, comme des nouvelles. À la fin, on comprend que le but de toutes ces vies est de perdurer dans le temps, grâce à la mémoire d'autrui, et c'est ce que Kawakami s'efforce de faire avec ce roman.

Une curiosité lente, calme et vivante.

R.P.



16/08/2017
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