Contre-critique

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"Rage" de D.Moody

"Rage" de David Moody.

 

"Je sais, je suis une sale feignasse. Je sais, je devrais faire un effort, mais je n'en ai pas envie. Je ne suis pas complètement idiot, mais, parfois, j'en ai juste rien à foutre."

L'auteur nous raconte l'histoire de Danny McCoyne, un père de famille qui enchaine les petits boulots pour subvenir aux besoins des siens, et à travers lui, il nous livre un regard témoin sur la recrudescence de violence qui est en train de s'abattre mystérieusement sur le pays.

La force de Moody vient du fait que son écriture est proche du langage parlé et que les situations quotidiennes qu'il décrit nous rapprochent de la réalité.

"Je ne supporte pas toutes ces conneries et cette hypocrisie. Je ne peux pas m'empêcher de dire quelque chose."

Le récit est découpé en journée, ce qui nous plonge davantage dans le quotidien de ce héros qui nous parle à la première personne. Ce dernier vit avec sa femme et leurs trois enfants et à du mal à trouver son équilibre entre travail instable, beau-père agaçant et enfants capricieux.

"-Non. Maman a dit que je pouvais...

 -Je m'en fiche, papa a dit que...

 -Fermez-la! dis-je sèchement. Vous ne pouvez donc pas la fermer!?

 -C'est elle qui a commencé, pleurniche Ed.

 -Non, c'est lui, répond Ellis en geignant.

 Et ainsi de suite."

L'ambiance des situations de tous les jours est admirablement rendue, et elle marque un fort contraste avec les situations de violence qui alternent le récit.

"-Le fait est que, jusqu'à ce qu'on parle de cette histoire, presque personne n'avait entendu parler de  chiens qui attaquaient les enfants. Mais dès que c'est paru dans la presse, des histoires similaires ont  soudain surgi d'un peu partout."

La première moitié du roman est une soudaine multiplicité d'atroces faits divers qui se confrontent au quotidien de Danny et de sa famille alors que ceux-ci ne peuvent se résoudre à y croire. Du moins jusqu'à ce que la situation du pays dégénère.

"-Je fais de mon mieux pour nous tous! lui crié-je. Les gens s'entre-tuent dans la rue. Je viens de voir  une gamine battre une femme à mort, et personne n'a levé le petit doigt pour lui venir en aide, moi y  compris. C'est la folie et je ne sais plus quoi faire!"

Les péripéties s'enchainent à un rythme soutenu et le ton de Moody est très agréable, par contre son thème reste tout de même classique et on pourra lui reprocher de ne rien apporter de nouveau, jusqu'au retournement de situation du deuxième vendredi situé aux deux tiers du roman. Moody ré-accroche alors son lecteur pour l'entraîner jusque dans une fin apocalyptique sur fond de guerre et de clin d'oeil au génocide de la seconde guerre mondiale.

"C'est nous contre eux. Il n'y aura ni match nul, ni cessez le feu, ni négociations politiques capables de  résoudre la situation. Ce combat ne prendra fin que lorsqu'un des deux camps sera parvenu à dominer  l'autre et que l'ennemi sera mort à ses pieds."

Si la violence gratuite vous rebute, évitez "Rage". Mais si vous aimez les histoires d'épidémie et les "survival horror" qui, tout en gardant un côté réaliste et quotidien, vous offre une possible fin du monde, ce livre vous plaira!

R.P. 



13/10/2010
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