Contre-critique

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"Snuff" de C. Palahniuk

 

"Snuff" de Chuck Palahniuk.

 

"Dans Ça se bouscule aux urgences, dit-il, dans la scène lesbienne avec les deux laborantines en  chaleur, il est évident que Cassie Wright est la seule actrice qui sait manier un spéculum."

Véritable star du porno adulée de tous, Cassie Wright, est le personnage central du roman. Pourtant Palahniuk a l'intelligence de ne la dévoiler qu'à travers le point de vue de chacun des personnages qui gravite autours d'elle. Au fil des chapitres, on découvre tour à tour, le célèbre acteur porno Branch Bacardi, le jeune Darin qui a été adopté, Dan Banyan et son Mr Toto, chien en peluche couvert d'autographes, ainsi que la régisseuse Sheila. Tous ces personnages sont réunis à l'occasion d'un film de Cassie Wright durant lequel cette dernière compte obtenir le record du monde en couchant avec 600 types d'affilés.

"Rien de positif au niveau sexe. rien du genre de Naomi Wolf. Je jouis, donc je suis... Non, qu'une  femme soit une concubine baisable ou une dame à honorer, c'est juste un objet passif censé satisfaire  le but d'un homme."

Au départ de simples numéros, les trois protagonistes mâles vont peu à peu se dévoiler, et le lecteur va apprendre à les connaître et va découvrir, derrière les apparences, qui ils sont vraiment.

Se déroulant dans un lieu unique, ce huit clos en milieu pornographique a de quoi satisfaire les amateurs d'histoires sulfureuses. Le nombre d'anecdotes que Palahniuk est capable de délivrer à chaque page est ahurissant. Comme à son habitude, l'auteur nous sert des détails croustillants sur les manies humaines et les décortique avec jubilation. Le lecteur apprendra des tas de choses farfelues et non nécessaires, parfois même incroyables ( Hitler serait à l'origine des poupées gonflables ), mais tellement affriolantes. L'humour est constant chez Palahniuk, et il ne faut surtout pas le prendre au premier degré, car il a constamment du recul sur ses personnages et sur leurs situations.

"Je tourne le transparent et lui explique qu'Annabel Chong a comparé le gang bang à un marathon.  parfois, on se sent plein d'énergie. D'autres fois, on est épuisé. Puis on a un second souffle et on sent  l'énergie remonter."

"Snuff" est un roman court, facile à lire et à suivre, qui se déroule dans les coulisses du tournage d'un gang bang et non pas sur le plateau de tournage comme pourrait le laisser penser la quatrième de couverture. Le suspens est suffisant pour nous tenir en haleine jusqu'au bout, et une fois encore, on peut compter sur le savoir-faire de Palahniuk pour nous livrer des rebondissements de dernières minutes.

"Mon vieux m'a dit qu'autrefois, pour pas mettre les meufs en cloque, avant les capotes, les pilules  contraceptives, les éponges et tout ça, les mecs, juste après avoir lâché la purée, avec leur bite encore  bien enfoncée, autrefois ils pissaient quelques gouttes."

C'est ainsi par exemple qu'on apprendra une technique des plus étranges pour rendre inefficaces les spermatozoïdes. Technique qui se révèlera désastreuse pour son utilisateur lors d'une séquence hilarante et sordide raconté par le pro du X.

"Snuff" n'est peut-être pas le meilleur livre de son auteur, ( et "Choke", "Survivant" ou "Journal intime" sont bien plus denses ) mais il reflète parfaitement son écriture grinçante, et il permettra aux novices d'aborder sans efforts cet écrivain majeur du subversif qu'il est impératif de découvrir. On peut également conseiller ce roman aux habitués de son style, qui ne seront pas déçus, bien au contraire.

R.P.



05/01/2013
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