Contre-critique

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"Algorythme" de O. Ihraï.

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"Algorythme, Journal de bor(e)d" de Othman Ihraï.

 

"Paul Georges m'apprend qu'il a croisé la route d'une jolie Teutonne via une application de rencontre. Coup de foudre immédiat ! Elle était pourtant Néobab, Alter mondialiste, militante pour la décroissance, écolo... Le strict contraire de Paul Georges qui a toujours la conscience politique d'un oursin au printemps."

Rassurez-vous, il n'est pas question ici d'une romance fleur bleue, ni même d'une quelconque histoire d'amour. Il s'agit de la quête d'un trentenaire porté sur l'humour, qui travaille en entreprise mais qui désire devenir écrivain afin d'arrêter son boulot ronflant. Alors me direz-vous, pourquoi choisir un titre digne d'un "algébreux" et une couverture pareille, proche du gribouillis de collégien ? Mystère... C'est le gros point noir du roman, qui risque de ne pas trouver sa cible avec une enveloppe pareille. Pourtant, si vous occultez l'emballage, vous découvrirez l'humour efficace qui se cache à l'intérieur de certains chapitres et qu'on ne soupçonnait absolument pas !

"Ce que je préfère chez les gens, c'est leur fainéantise. Il suffit de puer le poisson pour qu'ils te pensent pêcheur. C'est pas trop compliqué de les entourlouper. C'est même un jeu d'enfant. À croire qu'ils le demandent et qu'ils sont prêts à payer pour. Je pense être capable de leur faire passer un vieux chicot jauni par la vie pour une pépite d'or et à le leur vendre au-dessus du prix du marché."

Le récit contient des passages franchement drôles et il serait dommage de passer à côté. Tout démarre avec la visite médicale au boulot (ch.XII), durant laquelle notre héros tombe sur une infirmière charmante, de son âge, et avec qui il tente de faire de l'humour pour masquer sa gêne. Le dialogue qui s'ensuit - aussi déconcertant qu'hilarant - nous révèle que les situations cocasses sont rondement menées par l'auteur. Et c'est d'ailleurs à partir de là que ce "Journal de bor(e)d" prend son envol. On se dit aussitôt que le texte aurait dû être taillé dans les premières pages, et expurgé des divers squelettes d'histoires que le héros s'échine à écrire ; ses tentatives de polar, de poème, de conte pour enfant et autres, ne deviennent à la longue qu'une liste exhaustive d'un menu qu'on n'aurait pas commandé. Car seul le départ est légèrement soporifique, par la suite, on lit avec un plaisir non dissimulé les pérégrinations du héros et de ses acolytes improbables.

"C'est quand même bizarre mais quand Castillo me propose de m'associer avec lui, j'ai la vague impression d'être un dindon à qui un volailler fait les yeux doux en lui jurant, la main sur la Bible, que L'abattoir est juste le nom d'une boîte de nuit branchée dans laquelle il veut l'emmener boire un drink."

Les calembours s'enchaînent à vitesse grand V, le personnage de Slobo est stéréotypé mais hilarant, tout comme le fameux Castillo et son fidèle cuistot (L'altercation au "meat up" étant particulièrement mémorable).

Quand le héros prend le large et qu'il multiplie les rencontres, on est totalement dépaysé et séduit par les diverses et hilarantes péripéties.

Notons qu'on est assez proche de ce qui se fait dans les grandes maisons d'éditions, et cela saura vous plaire si vous appréciez les récits comiques, comme ceux de Caro, de Jaenada ou Puértolas.

À découvrir !

R.P.



17/01/2023
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