Contre-critique

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"Au nord du monde" de M. Theroux

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"Au nord du monde" de Marcel Theroux.

 

"L'essence. C'était ça l'odeur qui imprégnait ces arbres. Elle était si forte qu'on aurait presque pu se soûler avec. Elle rappelait cette sensation pénétrante et chatoyante qu'on éprouve en mettant le nez dans un verre de whisky tiède."

Récit d'anticipation dans la veine de "La Route", nous voici plongé dans une région du Nord désertée par la population et dans laquelle un shérif veille. Au fil des chapitres, très courts, on va de surprise en surprise et l'auteur joue avec les informations qu'il distille parcimonieusement. À titre d'exemple, et sans trop dévoiler le roman, on commence par découvrir, malgré ce que l'on pensait au départ, que le héros Makepeace est une femme, puis que les femmes sont réduites à l'esclavage, et ainsi de suite.

"Je ne pleure pas facilement, mais ma vue s'est troublée quand j'ai posé les yeux sur les ruines de ce que nous avions été, et j'ai regardé le petit groupe d'hommes déguenillés s'en approcher comme des charognards s'attaqueraient à la carcasse d'un géant."

Divisé en quatre parties, le roman nous montre la vie d'une femme libre, puis celle d'une femme asservie par ses ravisseurs, et enfin qui recouvre sa liberté. Les personnages sont peu nombreux mais il faut garder en mémoire leur nom et la situation de chacun d'eux pour ne pas perdre le fil quand il est question d'untel ou d'untel après une centaine de pages.

Je n'ai pas bien compris ce qu'était la matière bleue ni pourquoi les femmes n'étaient pas victimes de la radioactivité, mais cela n'enlève rien au roman. L'héroïsme et les valeurs sont au coeur de l'aventure, et Makepeace leur fait honneur. On vibre avec elle et l'on tremble lorsqu'elle voit surgir le danger, même si l'auteur la garde à bonne distance afin de ne jamais sombrer dans le pathos.

Les ellipses sont nombreuses et rythment le récit sans mâcher le travail du lecteur, ce qui est fort appréciable. La fin dénombre également plusieurs rebondissements efficaces qui dévoilent l'ironie mordante du sort. Notamment au travers d'Eben Callard qui se trahit en laissant simplement échapper un mot d'entre ses dents.

À découvrir !

R.P.



06/01/2023
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