Contre-critique

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"J'adore" de M. Kawakami

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"J'adore" de Mieko Kawakami.

 

"Sur le coup, je n'avais rien répondu. Qu'est-ce que je fais quand je suis chez moi, déjà ? Maintenant, je pourrais répondre que je vais tous les jours au supermarché regarder Miss Ice Sandwich. Ou plutôt, non, au contraire je ne le dirais pas, mais à l'époque je n'avais rien. Alors j'ai préféré lui poser une question."

Mugi, un garçon un peu paumé dont on ne connait pas tout de suite le nom, et qui ne discute qu'avec Hegatea, une fille de sa classe, nous raconte ses vacances d'été et ses journées passées entre ses activités et l'école. Le rythme est enivrant même si les événements s'égrènent tranquillement et qu'il n'y a pas véritablement d'intrigue.

Dans la première partie, on découvre la vie de ce petit garçon sans père, on apprend à le connaître et à l'apprécier. Au tout départ, même si Mugi semble curieux et décalé, on l'apprivoise au fil des pages et le roman dévoile beaucoup de tendresse derrière son apparente étrangeté. Dans la seconde partie, on passe au point de vue d'Hegatea, sa copine et fille sans mère qui habite avec son père passionné de cinéma.

"Juste avant de m'endormir, j'ai vaguement pensé que quand je me réveillerais, je serais peut-être dans mon futon, ah, comme j'aimerais me réveiller dans mon futon, il y a très très longtemps, si longtemps que si c'était vrai je ne devrais même pas m'en souvenir, c'était peut-être un souvenir que j'avais fabriqué, j'avais l'impression de revoir un homme, et que cet homme, disons peut-être papa, m'avait tenu dans ses bras alors que j'étais comme ça à moitié endormi..."

Quelques interrogations bienvenues ponctuent brièvement le récit, comme celles sur la chirurgie esthétique ou les incessantes discutions des trois danseuses, et nous rappellent que la romancière est diplômée de philosophie.

Finalement, le récit nous éclaire malgré tout sur son questionnement, à savoir la gestion du manque face au décès, l'acceptation d'une soeur issue d'un précédent mariage, et le fait de le découvrir sur le tard.

En définitive, le roman s'avère plein de qualité, pour qui s'intéresse à la littérature japonaise. À découvrir !

R.P. 



05/07/2022
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