Contre-critique

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"L'enfant phoenix" de I. Ira

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"L'enfant phoenix" de Ishida Ira.

 

"Sa joue était encore en feu, et son corps entier semblait se consumer sous l'effet d'une émotion impénétrable. Lui prendrait-il à son tour l'envie de frapper quelqu'un, si jamais Seattle était bombardée par le Japon et que son père mourait ?"

En suivant, heure après heure, les trois jours qui précèdent le bombardement fatal de Tokyo, survenu le 10 mars 1945, l'auteur nous fait revivre le quotidien de ces jeunes garçons enrôlés dans la guerre et obligés de travailler à l'usine plutôt que de suivre les cours du collège. Le personnage central, Takeshi, est un enfant métis, de père américain, qui doit trouver son chemin malgré la scission qui l'habite et les brimades qu'il subit.

L'auteur rend son histoire réaliste grâce à un récit précis et détaillé. Les situations sont toujours probables, bien que tendues et violentes, et heureusement alternées par des moments plus doux et amicaux. L'ensemble demeure néanmoins dur et âpre.

"Un instant, Takeshi songea à mentir. Il lui serait facile de prétendre qu'il s'agissait de devoirs pour le cours d'arts plastiques, mais si jamais les policiers se renseignaient auprès du collège et que son mensonge était découvert, il irait au-devant de terribles ennuis."

L'amitié qui unit Takeshi à Tetsu et Miya est touchante, d'autant qu'elle est contrastée par le mépris que leur renvoient les autres garçons et les hommes de la police militaire.

Tout comme Takeshi et ses camarades, on ressent la faim qui tiraille leur l'estomac, ainsi que la dureté de leur quotidien, sans parler de la pénibilité de leur travail. De fait, une véritable émotion se dégage de ces pages narrées simplement.

Malheureusement, le dernier quart du roman devient lassant. On a hâte que la journée du 9 mars finisse pour que les bombardements débutent, et, lorsqu'ils surviennent, on est un peu déçu. Pourquoi conférer à Takeshi uns sorte de pouvoir de résurrection ? Cela ôte le réalisme jusqu'ici présent et fait s'effondrer le sentiment d'inquiétude lié à la survie de la famille.

Malgré cette lassitude qui s'installe, sans parler des redites liées au roman-feuilleton qu'est "L'enfant phoenix", on ne peut que louer la volonté de l'auteur de perpétuer la mémoire historique du bombardement de Tokyo, un événement méconnu de la Seconde Guerre Mondiale.

R.P.



11/08/2022
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