Contre-critique

"La justice de l'ancillaire" de Ann Leckie.

"J'avais jadis possédé vingts corps, vingt paires d'yeux, et des centaines d'autres auxquels je pouvais avoir accès si j'en avais besoin ou envie. À présent, je ne voyais que dans une direction, ne percevais la vaste étendue derrière moi que si je tournais la tête et m'aveuglais à ce qui se trouvait devant moi."

Ce premier succès d'Ann Leckie n'est pas la bombe escomptée. On est loin de la claque que peux générer la lecture d'un Paolo Bacigalupi par exemple. L'écriture et son style manquent d'éclat et de finesse. Passé l'intro, ça blablate pas mal pour rien. Un peu dans la veine d'un Richard Morgan, le récit privilégie l'enquête et les enjeux peu convainquant au détriment de l'action et du spectacle. Non pas qu'il faille rechercher le divertissement décérébré à tout prix, mais là, ça se veut inutilement complexe et les enjeux compliqués ne le sont pas vraiment. Du coup, c'est davantage long et chiant que sublime et ébouriffant.

Bon le roman a tout de même des qualités, notamment ce concept d'ancillaire avec plusieurs corps, mais de là à rafler tous les prix littéraires... cela semble exagéré. Mon impression : de bonnes idées au service d'un roman qui ne l'est pas. Même la fin ne recèle pas d'un rebondissement digne de ce nom. Mieux vaut lire le roman de fantasy de la romancière, même s'il demeure dans la même veine.

R.P.