Contre-critique

"La nuit en vérité" de Véronique Olmi.

"L'enfant le comprenait : un gros qui s'appelle Enzo Popov, ça fait rire instantanément, c'est un rire comme la peur, évident et transmissible, on ne peut pas expliquer pourquoi, mais de tout temps et pour toutes les générations, un gros qui s'appelle Popov, c'est à mourir de rire."

Avec une langue fluide et enlevée, Olmi nous embarque dans une histoire triste et émouvante, celle d'un collégien d'origine russe harcelé à cause de son surpoids. L'analyse est fine et percutante à la fois, le rapport entre Enzo et sa jeune mère Loubia - une mince et séduisante vingtenaire qui se révèle vulgaire sous certains aspects - est aussi touchant que sensible. On s'immerge lentement mais sûrement dans leur histoire, grâce au talent de la romancière. Olmi creuse la psychologie et développe la pensée plus qu'elle ne narre des événements. C'est d'ailleurs, son principal défaut : ne pas raconter grand-chose. Si l'on finit par se lasser c'est qu'il ne se passe presque rien.

Enzo est copain avec Charles, mais ce dernier n'est pas détaillé et demeure inexistant. Le père d'Enzo est un mystère insoluble. On s'enlise dans un triste statu quo.

"Enzo tira sur le joint, s'allongea et dit qu'il avait pas mal de sortilèges à briser, puis il rit de cette façon qu'il avait de parler maintenant, comme un mec lucide, un peu blasé, il rit tellement que les étoiles à travers ses larmes semblaient des perles prêtes à tomber."

Heureusement, la fin se révèle d'une tendresse désarmante. Le rapport à l'autre y est touchant, la rencontre avec Léa pleine de tendresse et d'ardeur, et il se passe enfin des choses. On regrette que le récit ait mis tant de temps à prendre son envol. La fin ne fait que confirmer le potentiel de Véronique Olmi.

En définitive, un roman intéressant mais certainement pas le meilleur de la romancière. À réserver aux adeptes.

R.P.