Contre-critique

"La Papeterie Tsubaki" d'Ito Ogawa.

 "Par-dessus tout, c'était l'encre qui me fascinait. Si je goûtais à ce bâton, quelle saveur aurait-il ? Ce serait bien sûr délicieux, encore plus que du chocolat ou un bonbon. J'en étais persuadée. J'adorais l'arôme léger et mystérieux qui flottait quand l'Aînée préparait de l'encre."

Sur un ton sobre et léger, Ito Ogawa se plonge dans la peau d'une femme de Kamakura. Cette dernière, qu'on surnomme Poppo reprend la papeterie familiale et se met au service des autres pour calligraphier des lettres ou des cartes de voeux.

On découvrira les diverses techniques de calligraphie, en fonction du style, de l'encre et du papier employés, ce qui satisfera les fans d'écriture. C'est d'ailleurs l'atout majeur du roman, qui conjugue les désirs des clients en oeuvre artistique.

"À l'époque, c'était le boom de la culture asiatique. Les jeunes arboraient fièrement des tee-shirts portant des inscriptions en kanji ou s'en faisaient tatouer sur la peau, c'était à la mode. Mais dans la plupart des cas, soit il y avait des fautes, soit c'étaient des formules risibles bien que correctes."

On se laisse porter et l'on apprécie le soin et la douceur dont fait preuve l'héroïne lorsqu'elle vient en aide aux autres. Les lettres qu'elle écrit sont touchantes et sensibles, tout comme son parcours au fil des saisons.

Son quotidien tinté de solitude et de fréquentations parcimonieuses ravira les lecteurs patients, en quête de calme et de sérénité. Le temps passe, la météo change, mais pas notre héroïne qui cherche à satisfaire autrui en s'oubliant elle-même. Poppo n'a guère d'ambition personnelle et sa vie sentimentale est à l'arrêt.

"La papeterie Tsubaki" est un livre sans prétention, qui brille de tendresse par moments, et qui est à réserver à ceux qui apprécient la subtilité à la japonaise, la pudeur et la tranquillité.

R.P.