Contre-critique

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"La poupée sanglante" de G. Leroux

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"La poupée sanglante" de Gaston Leroux.

 

"Je regardais la pauvre femme ; elle claquait des dents... Rodin pour sa porte de l'enfer, n'a pas inventé une figure où l'effroi de ce qui va arriver creusât des rides plus cruelles... Ravagée par l'épouvante, elle nous regarda tour à tour éperdument..."

Passées les deux premières pages, on plonge dans le journal de Bénédict Masson, à la première personne du singulier, dans lequel ce relieur d'art nous explique qu'il espionne ses voisins et surtout la belle Christine, la fille de l'horloger. Ce héros, mal aimé et laid selon ses dires, va assister à un meurtre et se voir mêlé à une autre histoire, celle du marquis immortel selon son épouse que l'on croit folle.

Très vite, on suppute que Gabriel est une sorte de créature comme celle créée par Frankenstein, puisque le roman s'appelle "La poupée sanglante" et que l'horloger recherche le "mouvement perpétuel". Pourtant l'auteur noie l'intrigue principale dans une autre et nous laisse dans l'ignorance et dans l'attente d'un éventuel dénouement.

"Je n'eus que le temps de ma précipiter à la porte qui était restée ouverte sur le jardin pour recevoir dans les bras cette pauvre chose agonisante, et qui déjà ne pesait plus qu'une ombre... Son souffle expirait sur ses lèvres exsangues..."

Heureusement, le journal de Bénédict Masson, qui devient lassant au fil des pages, s'arrête à la moitié du livre. On reprend alors le fil d'une narration extérieure, à la troisième personne du singulier, qui s'attarde sur le père Violette. Puis divers points de vue s'alternent et le récit peut ainsi reprendre son souffle. Malheureusement les deux intrigues, celle de Bénédict Masson et celle de la marquise harcelée par son mari, ne se résolvent pas. On reste un peu sur notre faim. De plus il ne s'agit que d'une première partie.

Le roman est bien écrit, habilement imagé, cependant il apparaît un peu vieillot. On ne frissonne ni ne s'émeut réellement, et peut-être est-ce dû au ton, mi-figue mi-raisin, entre sérieux et burlesque. L'aspect feuilleton, inhérent au métier de l'auteur à l'époque, est également préjudiciable. Pas sûr que l'on ait envie de lire la suite. On est loin du chef-d'oeuvre escompté.

 

ps : Les illustrations sont à mon goût beaucoup trop enfantines et pas assez travaillées. Elles n'aident pas à se plonger dans une oeuvre soit-disant sombre et horrifique.

R.P.



06/09/2022
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