Contre-critique

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"Le privilège de l'épée" de E. Kushner

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"Le privilège de l'épée" d'Ellen Kushner.

 

"Artemisia ne savait pas bien si lord Terence Monteith était un fâcheux ou non. Il avait de beaux vêtements, de beaux bijoux et un visage très agréable. Les Godwin l'avaient invité et il n'était pas marié, c'était donc clairement un beau parti."

Dans ce nouveau roman, plutôt "gossip", mais joliment écrit, la plume de Kushner nous ramène aux intrigues qui se jouent sur les Bords-d'Eaux. Les mondanités, les rencontres calculées, cèdent bientôt la place à des jeux politiques plus sévères. On ne se passionne pas encore pour l'histoire de Lady Catherine, une jeune fille qui va apprendre à manier l'épée, loin de sa famille, mais on se laisse divertir par le fil du récit.

Pour les fans de Kushner, la romancière se permet d'abord une référence à ses écrits antérieurs, en écrivant que son héroïne connaisse l'une de ses propres nouvelles, intitulée "Le bretteur qui n'était pas la mort", puis elle nous fait comprendre que les personnages de "À la pointe de l'épée" sont avec nous depuis plusieurs chapitres sans qu'on ait pu le réaliser. Et lorsqu'on s'en aperçoit, parce que la romancière le veut bien, et parce que seule la littérature permet cela, c'est à la fois renversant et jubilatoire pour le lecteur, mais encore faut-il avoir lu le précédent roman pour pouvoir le ressentir.

"Le tribunal d'honneur, voyez-vous, n'existe pas seulement pour légaliser l'assassinat des nobles, mais pour assurer que seule une cour de nobles a le droit de juger les actions d'un noble. Un système très commode, bien qu'il me semble que le privilège de l'épée, comme ils l'appellent, commence à montrer des signes d'usure."

Il y a peu de d'affrontement dans ce livre-ci, "À la pointe de l’épée" était davantage parsemé de combats à l'épée. Le fameux Lord Ferris, qui incarne le méchant de l'histoire, aurait pu être encore plus glaçant que ce qui nous est proposé. On regrette également cette alternance de "je" et de "il", au fil des chapitres et en fonction des points de vue, qui ne se justifie pas vraiment.

Bien que le livre soit épais et que, paradoxalement, il se lise facilement et sans nous ennuyer, il manque un peu de sel et d'une fin réellement palpitante (ou renversante). Ce qui fait que l'on se demande pourquoi "Le privilège de l'épée" a obtenu un prix si prestigieux.

Si vous aimez les romans de cape et d'épée plutôt bien écrit, même s'ils ne tirent pas trop l'épée et que, finalement, ils se révèlent assez pudiques et révérencieux, vous pouvez vous lancer.

R.P.



07/08/2023
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