Contre-critique

"Le tambour des larmes" de Beyrouk.

"tout un troupeau était là, qui ne s'ébrouait que très peu et qui ne renvoyait au ciel que les blatèrements doux de chameaux bien repus. Les toisons brunes se confondaient avec le sable, et les yeux globuleux brillaient dans l'épaisseur de la nuit."

Déception que ce court roman, dont certains ont fait tant d'éloges. C'est peut-être aussi cela qui a joué en sa défaveur et qui fait que le lecteur en attendait davantage.

D'abord, contrairement à ce que mentionne la quatrième de couverture, ce n'est pas une épopée. De plus, le contraste entre modernité et tradition n'est pas véritablement mis en valeur. Il n'y a pas vraiment de téléphone portable et le choc d'un monde urbanisé et technologique n'est pas ressenti par le lecteur.

Concernant l'histoire, on progresse aux côtés de Rayhana qui fuit dans la nuit. Elle a volé le précieux tambour de sa tribu avant de s'échapper. Mais pourquoi ? Et parviendra-t-elle à échapper à ceux qui la poursuivent ? Voilà les questions que le lecteur se posera tout en découvrant le monde de Rayhana, entre dunes de sable, reg, oasis, mais aussi ville peuplée. Malheureusement, contrairement à "Shim Chong, fille vendue" par exemple, qui est un récit mémorable et épidermique, ici, on ne vibre pas aux côtés de l'héroïne. On ne ressent pas pleinement les choses, et malgré les épreuves traumatisantes qu'elle traverse, on finit par s'ennuyer.

Le roman s'adresse principalement aux âmes sensibles. Elles seules pourront être fragilisées ou choquées par l'impertinence toute relative du récit. La chape religieuse est très présente mais par rapport aux pays européens, c'est assez terne. Par exemple, le personnage efféminé est à peine abordé. Ce dernier n'a pas de relation charnel et, finalement, demeure une vague idée de l'homosexualité sans être abordée de front. Beyrouk survole donc certains sujets tabous et demeure presque consensuel. Dommage. Quant à l'écriture, elle n'est pas assez poétique pour nous enivrer.

R.P.