Contre-critique

"Les Quatre-vingt-un Frères" de Romain d'Huissier.

"Sa main m'attrapa à la gorge et elle me plaqua au mur avec violence - je me heurtai la tête et un voile noir me recouvrit brièvement les yeux. Mes pieds ne touchaient plus terre ; sa force était effroyable, née d'une fureur primitive."

Sans prétention, ce roman pourrait être un divertissement efficace pour qui veut s'évader du côté de Hong Kong en compagnie d'un exorciste aventureux. Par contre, il ne faut pas s'attendre à de la haute littérature. L'écriture est passable et l'histoire assez vide, et la tournure des événements peine à prendre une tournure épique. Certes, il y quelques combats, en introduction du roman et durant une cinquantaine de pages vers le milieu (contre les Hmong et les jiugwaai), mais le reste est assez creux. Même le final tarde à venir et se résout bien trop brièvement. Les personnages, quant à eux, ils apparaissent et disparaissent sans qu'on entende plus parler d'eux, à se demander pourquoi ils interviennent, comme Ann Lung et Bui Hok, qui participent à un combat, comme tombés du ciel, puis qui s'évanouissent. Cela nous montre que les protagonistes ne sont que des prétextes et qu'ils ne servent pas vraiment l'histoire principale. Tout comme Kara siao, l'amante du héros, qui, bien que davantage développée, demeure inutile dans la finalité du récit.

Petite remarque également, au niveau des noms de personnages, Romain d'Huissier manque cruellement d'imagination. Les prénoms sont Johnny, Daniel, Sam ou Louis (comme si les habitants ne pouvaient porter que des pseudos de stars du cinéma des années 90), et les noms de famille sont Sung, Shuen, Kuen ou Kwan. Quant aux exorcismes, rituels et ingrédients indispensables aux combats et aux purifications, on les croirait inventés à la hâte et ils paraissent beaucoup trop superficiels. À moins que ce ne soit l'écriture de l'auteur qui donne ce résultat.

De manière générale, tout paraît infondé et plutôt insipide : les personnages, la trame et les rebondissements qui l'agrémentent, dommage.

Un livre qui ne donne pas envie de lire ses suites, les deux autres tomes des Chroniques de l'étrange.

R.P.