Contre-critique

"Les sept divinités du bonheur" de Keigo Higashino.

"Je pense que tu le sais, mais il y a dans le quartier de Nihonbashi tellement de sanctuaires que personne ne connaît leur nombre exact, surtout si on inclut les plus petits. Tu as déjà remarqué celui qui se trouve sur le côté du théâtre Meiji-za ?"

Dès les premiers chapitres, on passe d'un groupe d'individus à un autre et l'on découvre une foule de personnages. Pourtant l'écriture reste fluide et le lecteur ne se sent jamais perdu. Les phrases sont simples et les chapitres brefs afin de ne pas trop disperser le propos. L'enquête avance tranquillement, sans éviter les redites, alors qu'on aurait souhaité que tout aille un peu plus vite.

Le personnage de Kaga, l'inspecteur qui apparait dans "Les Doigts rouges" et "Le nouveau", rappelle, par son flegme et sa précision, le protagoniste du "Dévouement du suspect X".

On sent que ce roman est un prétexte pour dénoncer les conditions de travail de certaines usines au Japon et la difficulté rencontrée par les intérimaires. Mais derrière cette dénonciation subtile se dévoile le récit minutieux d'une enquête pour homicide.

"Je comprends tout à fait votre frustration, répondit calmement Kaga. On nous reproche souvent lorsque nous enquêtons de ne pas fournir d'informations à ceux à qui nous parlons, de sorte que c'est un dialogue à sens unique. Mais il y a une raison à cela."

Sur l'entièreté du roman, il y a peu de rebondissements, deux ou trois seulement, mais l'ensemble se tient vraiment et tout est logique. La fin, quant à elle, est lumineuse et pleine d'espoir, puisque les responsables prennent enfin leurs responsabilités et s'apprêtent à un avenir plus serein. Par contre, on a du mal à croire que Kaori, la compagne enceinte de celui qui s'est fait renverser puisse dire, à quelques jours du drame, qu'elle ne regrette pas d'être venue sur Tokyo, alors qu'elle en repart et que son compagnon y soit mort.

Ce n'est ni excellent, ni sensationnel, mais cela plaira aux amateurs d'enquête.

R.P.