Contre-critique

"Ma soeur, serial killeuse" de Oyinkan Braithwaite.

"Il le lui avait donné griffonné sur un bout de papier plié en deux, comme ces mots d'amour que les élèves, au lycée, se font passer au dernier rang des salles de classe. Tout ça l'avait émue ( mais bon, Ayoola est toujours émue par l'adoration de ses mérites) et elle avait accepté, du coup, d'être sa nana."

Bonne surprise que ce récit mijoté par une romancière vivant au Nigeria. Alors, certes, c'est un peu de la littérature de gare, car c'est facile et rapide à lire, comme pour se divertir sans se prendre la tête, mais c'est également narré avec esprit et ça tient en haleine tout en soulevant le problème du patriarcat outrancier.

Il s'agit d'une histoire d'amour couplée avec celle d'un serial killer, qui n'est autre que la soeur de l'héroïne, nommée Korede. Cette dernière est infirmière et aide malgré elle sa soeur, Ayoola, a masquer ses crimes, car celle-ci fait des ravages avec un couteau. Il y a d'abord eu Peter et Somto, puis, quand le roman s'ouvre, Femi. Cela commence à faire beaucoup et Korede s'interroge sur la légitimité de ces meurtres.

Les deux soeurs, que tout oppose puisque l'une est magnifique et appréciée de tous, alors que l'autre reste sur la touche, rendent l'histoire dynamique, drôle et touchante. Leur rapport est attendrissant et sonne juste. Le père autoritaire, qui est encore sous-jacent bien que décédé fait mouche.

Les chapitres sont extrêmement courts et les moeurs du pays sont ouvertement critiquées (voir par exemple les épisodes avec la police), ce qui rend la lecture agréable et édifiante.

Si vous cherchez une histoire touchante et teintée de suspens avec des histoires de meurtres, jetez un oeil à "... serial killeuse", un roman plus ambitieux qu'il n'y paraît.

R.P.