Contre-critique

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"Neuromancien" de W. Gibson

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"Neuromancien" de William Gibson.

 

"Perché sur le bureau de Case, comme quelque gargouille dernière mode, il considérait Armitage et Case en souriant. Il avait les cheveux roses. Une forêt multicolore de microgiciels se hérissait derrière son oreille gauche ; celle-ci était pointue, garnie de touffes de poil rose. Ses pupilles avaient été modifiées..."

William Gibson a le mérite d'être assimilé au père fondateur du cyberpunk. Quand on regarde la série animée tirée du jeux vidéo, lui-même tiré du jeu de rôle éponyme, on réalise à quel point en 2022 on doit toujours beaucoup à cet auteur. Dans son roman "Neuromancien", on trouvait déjà ces personnages excentriques, au look futuriste, qui s'implantent des microgiciels derrière les oreilles, tels de puces ou des cartes SD, et qui se connectent à la matrice.

Le départ du roman est très bien, avec un héros, Case, qui zone de bar en bar et semble traqué par un tueur envoyé par Gage. Par la suite, l'histoire se fait plus dense et flirte avec le contre-espionnage, puisque Case et Molly jouent double-jeu en enquêtant sur Armitage, un homme potentiellement commandé par une IA de la société T-A, tout en étant employés par lui.

Le plus gros problème du roman réside dans son manque de clarté. Outre la profusion de termes techniques qui nous échappent ou qui sont expliquées tardivement, parfois, on ne sait même plus qui parle durant les dialogues et l'on a du mal à comprendre ce qui se joue. Alors soit l'écriture de Gibson manque de clarté soit la traduction est défaillante.

"Terzibachjian dit quelque chose en grec ou en turc et se rua sur la chose, les bras écartés comme un homme qui tente de plonger à travers une fenêtre. Il passa au travers. Droit sur l'éclair du canon de pistolet jailli des ténèbres au-delà du cercle de lumière. Case sentit des éclats de pierre lui frôler la tête..."

L'apparition de Peter Riviera, capable de synthétiser des illusions optiques est une bonne chose, mais on met du temps à comprendre qu'il est doté d'un tel pouvoir. En fait, il semblerait qu'on doive lire une première fois le roman, pour le décortiquer et comprendre les enjeux, puis une seconde fois pour l'apprécier pleinement.

Attention spoiler : on aime le fait que Case devienne un trait-plat, ainsi que le rebondissement qui en découle sur la plage, alors qu'il comprend que c'est l'autre personnalité endormie, le neuromancien, qui est à l'origine de tout ça. Pourtant, on est déçu.

"Neuromancien" n'est pas le roman culte qu'on espérait. Il regorge d'idées novatrices et plaisantes si on en imagine une adaptation cinématographique, mais à la lecture, l'écriture hachée de Gibson, ou du moins sa traduction, nous semble peu accessible. On a du mal à comprendre les situations, même pendant l'action, et on se sent comme râpé par certains passages ou tournures de phrases qui manquent de fluidité et de sens. Mieux écrit, cela aurait pu être une bombe, mais là, c'est juste inutilement ardu. On se dit, une fois le roman achevé : ça pourrait être trop bien mais ça ne l'est pas, dommage.

R.P.



19/10/2022
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