Contre-critique

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"Outsphere" de G-R Duvert

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"Outsphere" de Guy-Roger Duvert.

 

"Mais ce qui était fascinant était ce qui se trouvait entre ces bâtiments. Des bipèdes évoluaient, preuve d'une espèce civilisée bien que probablement primitive. Il était impossible de discerner précisément l'aspect des créatures, mais elles semblaient vaguement humanoïdes."

Avec son équipage cosmopolite, L'Arche arrive sur Eden après 80 années de traversée. Il n'y a plus de retour en arrière possible et développer la vie avec 50 000 civils ne sera pas une chose aisée. Avec un départ classique mais efficace, le roman de Duvert commence tranquillement. Il présente son équipage et dévoile des noms de personnages variés venus de tous continents. Par la suite, un second vaisseau arrive sur Eden et là on songe au coup de génie, car il s'agit de clones partis 50 ans après et qui n'ont mis que vingt années pour arriver, puisque leur technologie était plus évoluée. Malheureusement, cette idée lumineuse n'aboutit à pas grand chose et s'avère pour le moins inexploitée.

Difficile de se faire une idée précise du talent potentiel de l'auteur. Le récit semble travaillé et riche, mais les personnages ne paraissent qu'esquissés, aucun caractère ou protagoniste n'est réellement travaillé en profondeur. Il nous manque l'histoire personnelle de chacun ou du moins quelques éléments pour nous accrocher émotionnellement parlant. Quant aux péripéties, contrairement au très bon "Silo" par exemple, elles tombent comme des cheveux sur la soupe. Les bêtes de la planètes Eden, par exemple, sont des hydres ou des tigres à dents de sabre bien trop convenues, et qui surgissent comme sortie de nulle part. Les faits sont artificiels, cela survient puis on en parle plus. De plus le bestiaire est daté. Quand les ptérodactyles interviennent, on nage en plein cliché SF des années 70. Ensuite, on a droit a des combustions spontanées peu vraisemblables, tandis que le récit s'éparpille et que les choses tardent à arriver, pour ensuite se produire trop soudainement. On navigue comme sur une frontière : ça pourrait être bien, mais ça ne l'est pas. Et les rebondissements à la King, comme cette brume jaune qui envahit le ciel ou le dôme de l'Outsphere qui protège ses habitants ne fonctionnent pas vraiment.

On a du mal à croire que les gens qui ont quitté par la force Outsphere, qu'on a baptisé les Exilés, soient immédiatement aidés par les militaires, et que, réciproquement, les Éxilés acceptent l'aide militaire et notamment celle de Baya, alors qu'ils étaient justement en conflit avec eux. Ensuite, l'auteur nous dit, dès le départ (chap 2 de la partie II) qu'il y a une faible possibilité de vie animale sur la planète, puis (au chap 8 de la partie III) on apprend que les Exilés ont commencé à domestiquer les petits porcins locaux de couleur rouge pour manger leur viande. Et tout est comme ça, trop soudain ; ce qui nous fait l'effet d'une série TV bas de gamme et pleine d'invraisemblances. Comme lorsque Olsen se retrouve au sommet d'une pyramide avant de combattre dans une sorte d'arène alors que la planète est censée être vide de construction et que ni les humains ni les sondes envoyées par les clones ne sont parvenues à repérer ce monument. Les bonnes idées sont donc gaspillées et, au lieu de creuser les situations intéressantes, l'auteur les survole et passe à autre chose à chaque fois, comme s'il passait du coq à l'âne.

"Le tigre fut effectivement surpris, et se mit lui-même à reculer en grognant. Mais il se reprit rapidement. Il se planta sur ses pattes arrières, prêt à bondir. Olsen le comprit juste à temps. Il évita l'animal de justesse. Après une longue roulade, il se remit sur ses pieds..."

Le récit d'olsen nous raccroche un peu, puisqu'il est narré minute par minute dans sa cavale, mais au final il ne sert à rien (dans ce premier tome du cycle Outsphere en tous cas). Quant à la bataille finale, dans le style dit "space opera", elle n'est pas très efficace. Le lecteur se contente de la survoler, tandis que le récit est découpé, haché, et qu'on reste loin des protagonistes.

Peu de véritable suspens, peu d'émotion et une vraie déception, à réserver aux fans du genre peu exigeants.

R.P.



28/10/2023
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