Contre-critique

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"Résine" de A. Riel.

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"Résine" d'Ane Riel.

 

"Quand la mer se déversait sur la plage, elle ressemblait à une fine langue brillante. Mais elle n'avait rien de vorace. Tel un chat gentil, elle léchait délicatement les genoux de Mogens. Jens se dit que cette mer était une amie. Dans son imagination, elle lui avait pourtant semblé effrayante."

Bien écrit et presque poétique par moments, ce roman se distingue de la masse et ne ressemble aucunement aux récits de Stephen King avec lequel il est absurdement comparé. Ici, on ne peaufine pas un cadre dans lequel on introduit des personnages destinés à nous faire peur au fil des chapitres. Non, ici on plonge directement dans le vif du sujet, avec Liv qui nous dit avoir assisté au meurtre de sa grand-mère. Puis on bascule dans la vie de son père, lui-même enfant, lorsqu'il apprenait tout de son père nommé Silas. Telle une peinture impressionniste, le roman se déploie par touches, avec beaucoup d'émotions, et se dévoile au fil des pages. Tel un carnet d'impressions fugaces, on ne possède pas tous les éléments en mains. De plus, les matières, telle que la résine, les arbres ou le bois utilisé pour fabriquer les cercueils, sont autant de manière d'attirer le lecteur vers le sensitif. De plus, il ne s'agit aucunement d'une narration traditionnelle et les chapitres alternent les points de vue, les époques et les personnages.

"Else commençait à s'inquiéter ; elle aurait voulu que Jens l'accepte dans son monde, qu'il lui confie ses pensées, comme il l'avait fait avec son père. En même temps, elle avait peur de ce qu'elle pourrait découvrir dans ses ténèbres. Elle avait l'impression que que quelque chose était cassé en lui."

Le récit d'Ane Riel ne cherche pas à nous effrayer. Il nous captive par sa singularité et son calme. Par contre, la romancière conte ce qui s'apparente à un véritable drame, plus sordide que vraiment effrayant. La manière, par exemple, dont le père et le fils prennent l'habitude de se relaxer, à l'intérieur des cercueils, est profondément marquant et original. Quant à l'approche du syndrome de Diogène, elle est parfaitement maîtrisée et plausible. 

Voici un récit effrayant de réalisme, jamais plaintif ni grandiloquent, ce qui en fait une oeuvre sincère et touchante. À découvrir !

R.P.



24/11/2022
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