Contre-critique

"Samouraï" de Fabrice Caro.

"Le départ de Lisa a précédé le suicide de Marc, elle n'aurait pas poussé l'indélicatesse jusqu'à partir tout de suite après. Encore que. Quand la passion vous enflamme, toute considération rationnelle vous quitte et c'est absent à tout que vous traversez la vie..."

Il suffit de lire la première page de ce roman, pour savoir ce qu'il va nous apporter. Une réflexion mélancolique et distrayante sur les banalités de la vie, d'ordinaire ronflantes. C'est parfois très joliment écrit, parfois trop banal, mais dans l'ensemble, on ne s'ennuie pas en lisant l'histoire de l'écrivain Alan Cuartero, du moins au début. Il nous confie ses pensées, au jour le jour, façon journal intime peaufiné, comme si le personnage central était un double de l'auteur.

Alan cherche l'inspiration pour écrire son nouveau roman, tout en surveillant une piscine, tandis que sa compagne Lisa l'a quitté, pour un Paul, et qu'un couple d'amis s'obstinent lui présentent des filles, Mylène, Chloé, puis Louise.

"Le type s'appelle Paul, et je ne peux m'empêcher d'entendre ce mot oralisé de la bouche de Lisa, la forme de ses lèvres qui se détachent en un souffle sensuel quand elle prononce ce prénom."

On n'est ni hilare ni époustouflé, mais simplement diverti. Pourtant, à force de lecture, on peut parfois se lasser de cet écrivain centré sur lui-même, d'autant qu'il n'arrive pas vraiment à nous passionner. Certes le roman est au second degré, et on l'a bien compris, mais le héros se prend pour un samouraï alors qu'il n'a aucune rigueur et un problème évident de concentration. De plus, ce n'est pas crédible qu'il manque autant de discernement sur lui-même alors qu'il en fait preuve la plupart du temps. On trouve également des redites, concernant le nombre de filles qu'on lui présente, comme s'il allait oublier leurs prénoms ou devoir faire des fiches, alors qu'elles ne sont que trois sur l'ensemble du livre.

En définitive, cela manque cruellement de matière pour en faire un roman marquant, dommage.

R.P.