Contre-critique

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"Silo" de H. Howey.

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"Silo" de Hugh Howey.

 

"Soudain, Holsten se vit à travers le regard de Jahns, en homme brisé assis sur un banc usé, le teint gris dans le halo pâle du monde mort derrière lui, et pareille vision lui donna le vertige. La tête lui tourna, comme si elle tâtonnait pour trouver quelque chose à quoi se raccrocher, quelque chose de raisonnable, quelque chose qui aurait du sens."

Dès l'ouverture, on est happé par cette histoire de silo abritant ce qu'il reste de l'humanité. Le destin d'Holston et de sa femme à présent morte, nous touche. Ensuite, avec ses couples en devenir, sa loterie et ses vérités cachées, le roman nous captive. Saluons en premier lieu, le fait de devoir sortir et mourir afin de nettoyer les caméras ce qui constitue une excellente trouvaille et le point de départ de la saga.

Nous sommes proches d'un univers à la "Snowpiercer" ou "Fallout shelter", avec cette histoire de silo qui s'enfonce sous terre, en trois parties de 48 étages chacune, et dans lequel les différents étages sont affairés à des tâches particulières. Les machines tout au fond, plus haut les plantations, au milieu le fameux DIT, puis les familles, la nurserie, etc, jusqu'au sommet, avec le maire et son adjoint ainsi que le shérif.

La première partie, avec son double twist, est particulièrement immersive. La deuxième est davantage une mise en place, avec son binôme vieillissant qui parcourt le silo, et, dès que l'ennui pointe, l'auteur nous offre un nouveau rebondissement et nous fait passer à la troisième partie, déterminante, dans laquelle l'imposture risque d'être mise en lumière. Le suspense est ainsi très bien mené et nous tient en haleine, d'autant que de sinistres personnages, tel que Bernard Holland, sont mis en place. Puis la quatrième partie arrive et nous dévorons plus de la première moitié du roman sans aucune difficulté.

À la manière d'un "page turner", les chapitres sont courts et délivrent leur lot de surprises, tout en restant dans quelque chose de particulièrement adulte et sérieux. Nous ne basculons jamais dans l'action inutile et adolescente, contrairement à "Phare 23" et "Outresable", ce qui est plaisant.

"Il fourra une poignée de cylindres létaux dans sa poche, songea que chacun d'entre eux pouvait mettre fin à une vie, comprit pourquoi pareils instruments étaient prohibés. Tuer un homme devait être un acte plus difficile que de brandir un morceau de tuyau vers lui. Cela devait prendre suffisamment de temps pour que la conscience puisse s'interposer."

Au final, "Silo" est un très bon roman de science-fiction, qui méritait effectivement d'être diffusé à grande échelle, malgré son auto-publication de départ. On pourrait rapprocher l'oeuvre, toute proportion gardée, de "La Horde du Contrevent", ou de "Metro 2033", tant son univers est marquant et efficace.

À découvrir absolument !

R.P.



04/07/2023
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