Contre-critique

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"Zero K" de Don DeLillo

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"Zero K" de Don DeLillo.

 

"Puis l'idée m'apparut. Simple. Il n'y avait rien derrière les portes. Je réfléchissais en marchant. Je spéculais. Il y avait des aires de bureaux à certains étages. Mais ailleurs les murs n'étaient qu'un décor, les portes un élément parmi d'autres dans le schéma global..."

Zéro K c'est la température à laquelle est soumise le corps en cryogénisation. Au départ, on suit Jeff qui rejoint son père Ross et sa belle-mère Artis, dans un complexe sophistiqué et mystérieux, avant que cette dernière, atteinte de sclérose en plaques, ne meurt. Mais la mort d'Artis sera prise en charge et son esprit sera comme maintenu en état de marche, le temps nécessaire, avant sa réintégration dans son corps. Cela ressemble à la vie après la mort et cela s'appelle la Convergence. Jeff se voit convié dans ce complexe pour assister au phénomène, mais tout en découvrant ce qui est envisagé, il s'interroge sur sa vraie mère et débat vigoureusement avec son père.

L'ambiance est très étrange et distante, comme souvent chez DeLillo, et se déroule à proximité du Kirghizistan. L'auteur y mêle des fragments poétiques, comme les gouttes d'eau évoquées par Artis, à un environnement froid et clinique. On déambule, on s'interroge, quelques rencontres surviennent, mais on ne sait pas trop où l'on va.

"Je pense à des gouttes d'eau. Je me revois debout sous la douche en train de regarder une goutte ruisseler sur la face interne du rideau. Je me concentre sur cette goutte, cette gouttelette, ce globule, j'attends qu'elle change de forme en passant sur les plis et les replis pendant que l'eau martèle un côté de ma tête."

Au-delà de l'histoire au concept futuriste et de ses questionnements concernant le désir d'une vie éternelle, on découvre une sorte de réunion de famille décomposée, plutôt intime et prenante, avec quelques rebondissements qui nous permettent de ne pas décrocher. Mais le récit n'est pas véritablement prenant et tout semble froid et lointain. Et l'on ne parvient à dessiner mentalement ni les personnages ni les lieux. Même quant Jeff quitte le complexe pour regagner le monde réel avec sa compagne et l'enfant, dans la deuxième partie, rien n'est palpable. Tout reste à distance du lecteur qui n'arrive à se raccrocher à quelque chose de concret. Le récit demeure impalpable et pas du tout visuel. À se demander d'ailleurs ce qu'il restera de la lecture une fois le roman achevé. De plus, le parallèle avec l'actualité et les images violentes projetées sur les murs du complexe n'aboutissent pas à un résultat convaincant.

Bref, une curiosité qui n'emballe pas, à réserver aux fans de DeLillo.

R.P.



02/01/2018
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