Contre-critique

"Thomas le Rimeur" d'Ellen Kushner.

"Quand sa voix s'est élevée dans notre maison, j'ai senti les poils se hérisser sur ma nuque. Elle était brillante et claire, comme une de ces fenêtres en verre transparent à travers lesquelles on aperçoit une scène au loin, sans même remarquer la vitre."

Dans la première partie (le roman en compte trois) on suit Gavin qui vit humblement avec sa femme Meg et leur chien Tray, dans une masure isolée. Chacun découvrira bientôt l'arrivée d'un homme mystérieux, un ménestrel, nommé Thomas. Il chante et joue de la harpe, et s'avère beau garçon en dépit de ses vêtements boueux. Gavin et Meg l'accueillent à bras ouverts et Tom fera plusieurs séjours chez eux.

Malgré des allées et venues hasardeuses, on suit tranquillement cette histoire et l'on aime bien les personnages racés, telle Elspeth qui se fera courtiser par le Rimeur. Mais dès la deuxième partie, dans laquelle Thomas va être attiré dans le pays des Elfes, on décroche et le récit perd de son allant.

Alors que j'avais adoré certaines choses dans les deux premiers tomes de la trilogie Tremontaine, à savoir "À la pointe de l’épée" et "Le privilège de l’épée", qui marquaient durablement le lecteur de ses jeux de pouvoirs entre différentes sphères de la société d'une autre époque, ici, on s'ennuie et on ne voit pas l'éclat venir. Seule la relation entre Elspeth et Thomas semble intéressante mais elle nous échappe.

Malheureusement, on se lasse de l'histoire, on finit par lire en diagonale et l'on a l'impression de perdre son temps. Privilégiez les deux romans précités de Kushner, car celui-ci n'est pas du tout à la hauteur de son prix littéraire. Une déception.

R.P.