Contre-critique

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"Bankgreen" de T.Di Rollo

 

"Bankgreen" de Thierry Di Rollo.

 

Sur Bankgreen et sa Pangée glaciale le peuple Digtère aux trois doigts affronte les Arfans, tandis que sur les flots de GrandEau vogue le Nomoron, un gigantesque vaisseau abritant des réfugiées. Mêlé à tout cela, Mordred, un varanier qui se cache derrière une armure.

"Il est né dans la nébuleuse grise. Au cœur brûlant des amas bleus, il jaillit, traverse les brumes sombres et immenses, trace sa ligne entre les étoiles qui piquettent le noir profond de l'univers."

L'écriture de Di Rollo, poétique et brutale, possède un style qui lui est propre. Et c'est avec un grand plaisir de lecture qu'on suit les aventures de ce maître et de son Varan, deux êtres liés jusque dans la mort. La mort, c'est d'ailleurs le leitmotiv de "Bankgreen" et Mordred le varanier est capable de voir la mort de tous ceux qu'il croise.

"Si la mort vous accompagne, vous aurez une chance de la semer en cours de route. Si elle vous attend là où vous vous rendez, elle vous cueillera beaucoup plus facilement..."

Le roman est parfois philosophique et tous se demandent ce qu'est la mort, omniprésente.

"Tu basculeras un jour dans ce que tu ne peux pas nommer. Ce qui restera de toi ici, sur Bankgreen, c'est ta mort. Telle que nous la connaissons."

Sur Bankgreen, tout à une raison et il sera difficile au lecteur de découvrir pourquoi à chaque fois qu'une chose arrive. L'intrigue est dense et complexe, incluant de nombreux personnages, mais dont les destins se recoupent au moment venu.

"Le trapu ne se méfie pas suffisamment. Il a juste le temps d'apercevoir le reflet argenté de la lame s'élevant au-dessus de son crâne, puis de sentir une chaleur fraîche lui scier la base du cou."

L'atmosphère est brutale et cruelle, elle aborde l'esclavage du peuple Shore et se ponctue régulièrement de meurtres.

"Ses yeux se ferment enfin et le temps infime de son agonie, il croit qu'il s'envole.

 La tête, coupée proprement au ras des épaules, tourbillonne dans les airs..."

Après le "syndrome de l'éléphant", ce dernier roman de Di Rollo est une pure œuvre de science-fiction que l'on peut rapprocher de la dark fantasy. On retrouve ici des concepts innovants tels Les brumes de l'Okar ; sorte de monde parallèle, ou les êtres-mémoire ; des personnages qui garde et écrivent l'histoire en eux-mêmes, et aussi un Temps différent. Le bestiaire imaginé par Di Rollo est également foisonnant. On découvrent entre autre des rats géants télépathes, des Hunumes vivant des centaines de cycles, des Runes : créatures bleues à la beautée nue fascinante capables de voler dans les airs.

"...en plongeant son regard dans le reflet noir des dalles de pierre, dans cette mer sombre et inversée où son propre double le dévisage, hagard."

La première partie de "Bankgreen" est vraiment excellente, mais après avoir lu "Les trois reliques d'Orvil Fischer", son chef-d'œuvre, la conclusion de ce roman nous laisse un léger goût d'inachevé, on s'attendait à quelque chose de plus grandiose. "Bankgreen" vaut tout de même le détour.

R.P.



18/08/2011
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