Contre-critique

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"Chien du heaume" de J. Niogret


"Chien du heaume" de Justine Niogret.

Ceci est une œuvre médiévale imaginaire mais réaliste.

"Chien du heaume" suit la quête d'une femme, une guerrière munie d'une hache, qui cherche son nom dans un monde médiéval âpre et sans pitié.
"Mais l'enfant, elle, avait entrevu leur nage, leur vol dans un ciel si lourd qu'il en était  tombé, si lourd qu'il s'était fait océan."
Etrange roman que ce "Chien du heaume" qui privilégie les discussions et le histoires aux affrontements, et où les gens de terre, style paysans, sont des êtres infâmes et de nature vicieuse.
"Ils rient, ils te jettent des pierres, et un jour il est trop tard pour fermer leur bouche...Ceux qui ne savent que pelleter le fumier et se frotter aux ventres des  femmes pour faire passer le temps..."
Il ne faut pas se fier à la première scène, très active et violente, car le reste du récit n'est pas porté sur l'action mais sur les dialogues plus ou moins philosophiques. Ils sont biens écrits, pourtant ils risquent de rebuter certains à cause de leur perpétuel sens caché ou métaphorique.
"Nous sommes tous autant que vous rongés par l'ennui...La solitude est au cœur des vies de chacun, Noalle, c'est le propre de l'homme, et personne n'y peut rien pour vous."
Niogret interroge les valeurs, le sens de l'appartenance (avec la mercenaire), l'amour (avec Regehir), la vieillesse (avec Bruec). Son discours, se prévalant parfois de donner des leçons, est aussi très poétique sur certains aspects.
"C'est le plus gros désir que j'ai eu, et je n'ai pu retrouver ma cervelle que lorsqu'elle  m'a mis dehors, jeté comme un chien, car mon or avait fondu dans la chaleur de ses  cuisses de femelle."
Niogret raconte surtout les états d'âmes de ses personnages qui sont tous proches de la souffrance et de la mélancolie.
"Elle est partie, et je n'ai pas assez de mes deux bras et de ce qui me sert de cœur  pour saigner toute la douleur que j'en porte."
Les personnages évoluent au gré des saisons et l'auteur se délecte à décrire la rigueur du climat et nous fait partager avec maestria le froid mordant de l'hiver et la chaleur dégoulinante de l'été.
Le personnage de la salamandre apparait uniquement lors de deux trop courts passages mais ces derniers se révèlent d'une force dramatique remarquable. Ce guerrier mystérieux est rendu, sous la plume de Niogret, incroyablement charismatique. La puissance de ses apparitions restera gravé dans les mémoires.
Malgré le manque de péripéties et le blabla, ce roman vaut le détour pour sa noirceur et la magie de certains chapitres.
Justine Niogret nous offre de la littérature, et non pas du divertissement médiéval. Lisez également sa suite "Mordre le bouclier".
R.P.


12/03/2010
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