Contre-critique

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"Inner city" de J-M Ligny

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"Inner city" de Jean-Marc Ligny.

 

 "À court d'énergie, Kris a le plus grand mal à s'extirper de la neige devenue gluante comme une bave blanche. Elle cherche les traces de Scott autour d'elle, mais ne parvient pas à régler sa vision : les volutes fractales de ténèbres moirées déstabilisent tout repère fixe, effacent les éléments du décor qui se réduit à une surface blafarde autour d'elle."

Le roman de Ligny se paie une seconde vie grâce aux éditions ActuSF qui publient une version remaniée et remise à jour de ce récit datant à l'origine de 1996. On retrouve Kris, celle qui vient en aide aux inners en détresse, ces citadins perdus dans les méandres de Maya - sorte de VR internet à laquelle personne ne devrait rester connecté plus de 24h. Sauveteur pleine de zèle, Kris est un personnage intéressant dont on se demande au départ, pourquoi sa mamy Alice apparaît au cours d'un chapitre isolé. D'un autre côté, il y a Hang, un outer chasseur d'images et de scoops, qui abreuve Maya grâce à son réseau indépendant nommé Mate, et qui fait des incursions réelles à Slum City, au péril de sa vie, dans une banlieue parisienne séparée par une barrière.

Plus tard on comprendra le lien qui unit ces deux protagonistes, et la nature des personnages qu'ils croisent tous deux, comme ce Deckard ou le tueur Joe.

"Si elle osait, elle remplirait la rivière de piranhas qu'elle ferait sauter sur ce vieillard acariâtre pour le bouffer jusqu'au dernier pixel. Comment peut-il rester là à pêcher ses faux poissons dans sa fausse rivière, se livrer sans remords à une activité aussi futile, après lui avoir donné sans sourciller une mission impossible à accomplir ?"

Ce roman de cyberpunk à la française semble un peu vieilli parce que truffé de mots anglais censément modernes alors qu'ils sont typiques d'une vision de la modernité digne des années 90. Pourtant l'idée d'une réalité alternative et artificielle, la haute réalité, qui ruinerait la vie des utilisateurs, est toujours aussi efficace. Dommage cependant que l'histoire d'amour soit clairement artificielle. Heureusement, elle est secondaire et n'arrive qu'en fin de roman. En dehors de cela, il y a de bonnes trouvailles et des personnages secondaires plaisants, comme la revêche borgne Zora.

"La Basse Réalité, c'est vraiment qu'une source d'emmerdements, songe-t-il en se resservant un doigt d'Absolut. Elle devrait être réservée aux rennes et aux poissons. Les hommes ne font que s'y prendre la tête et y foutre le bordel."

Sous forme d'un récit d'action brut, avec poursuites et guet-apens, "Inner city" demeure un efficace et cohérent divertissement ; un bon roman pour ceux qui veulent découvrir le style de l'auteur.

R.P.



17/06/2021
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