Contre-critique

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"Jardins de poussière" de K. Liu

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"Jardins de poussières" de Ken Liu.

 

"La toux empire. La poudre me déchiquette les poumons ; on n'y pourra rien avant l'été, lorsque le reste de la colonie, dont le véritable médecin, sera réveillé."

La première courte nouvelle, "Le jardin de poussière", qui se déroule dans l'espace avec le réveil d'un unique membre d'une colonie, nous plonge immédiatement dans l'univers de l'auteur. C'est beau, dangereux et poétique, et la nouvelle nous livre une réflexion pertinente sur notre statut d'humain. L'art et le sacrifice qualifient les protagonistes de Ken Liu.

On déplore cependant les fautes de frappes de l'édition, avec, par exemple, le vaisseau qui se nomme d'abord Sabira puis Sarira !

Changement de registre avec la seconde nouvelle, "La fille cachée", qui nous entraîne dans la Fantasy, avec une héroïne capturée afin de devenir assassin. On croirait un film chinois féérique façon "Tigre et Dragon", avec action, suspens et magie. Mais le sujet de la nouvelle est : devient-on ce que les autres veulent que nous devenions ?

La nouvelle suivante suit la même réflexion ; "Bonne chasse" nous fait suivre une famille de chasseurs de fantômes, et surtout le fils qui va renoncer au meurtre et s'acoquiner avec l'ennemi. On vire de la Fantaisie, avec les femmes-renard, au Cyberpunk dans cette nouvelle qui fait face au changement dans nos sociétés.

Retour à la SF pure, avec "Rester" qui parle de la vie après la mort, sans corps, uniquement via le réseau électrique. La famille est toujours au centre de la nouvelle, ainsi que les conflits qui en découlent, comme le fait d'accepter le choix des autres.

Les nouvelles précitées sont très bien, mais on se lasse des suivantes.

Avec "Ailleurs, très loin..." on bascule complètement du côté des vies logicielles et immatérielles. "Nul ne possède les cieux" est pas mal, sans plus. On est encore moins emballé par "Une brève histoire du tunnel...".

"Le sel, les vagues, les attentions des poissons comme des mouettes m'ont dépouillée de mes habits, de mes cheveux en nylon, de ma peau de tissu, de mon rembourrage. Me voici réduite à mes pièces de métal et à mon squelette de plastique blanchi par le soleil."

Heureusement "Dolly, la poupée jolie" est aussi courte qu'originale, et à ne pas rater ! Tout comme "Animaux exotiques" qui est palpitante et surprenante ! "Empathie Byzantine" vaut également le détour, avec sa réalité virtuelle et sa cryptomonnaie. "Vrais visages" aborde le recrutement et la discrimination avec efficacité.

Vous le voyez, ce recueil fait preuve d'éclectisme et aborde différents thèmes et registres, parfaits pour piocher au hasard d'histoires courtes et bien ficelées.

Bien qu'un cran au-dessous du précédent recueil "La ménagerie...", ce livre vous donnera tout de même envie de lire un roman de Ken Liu, un auteur à suivre de très près !

R.P.



18/02/2020
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