Contre-critique

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"La place" de A. Ernaux.

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"La place" d'Annie Ernaux.

 

"Il y avait un trou dans l'oreiller sur lequel sa tête avait reposé depuis dimanche. Tant que le corps était là, nous n'avions pas fait le ménage de la chambre. Les vêtements de mon père était encore sur la chaise."

Le départ, froid et distant malgré la mort du père, est très bien. Par la suite, l'écrivaine nous relate la vie de son père, sa mentalité et ses choix, qui reflètent ceux d'une ancienne époque. Le récit demeure efficace simplement parce qu'il est court, autrement, il aurait été l'ennuyeux.

De plus, on a du mal a être ému à cause de l'importante distance qui perdure entre le récit et la narratrice. C'est évidement une volonté de l'écrivaine, mais cela nous prive d'une véritable empathie. On assiste à une sorte de témoignage, presque neutre et dépouillé, qui plaira à certains sans pour autant révéler une force ou une originalité quelconque.

"Ils s'emparaient complètement de leur petit-fils, décidant de tout à son propos, comme si j'étais restée une petite fille incapable de s'occuper d'un enfant. Accueillant avec doute les principes d'éducation que je croyais nécessaires, faire la sieste et pas de sucreries."

Il s'agit d'une distance courtoise qui s'installe entre une fille et son père, mais dont les motifs demeurent malgré tout obscurs. Il n'y a ni violence, ni abus, ni dispute, rien qu'une différence d'intellect qui creuse un fossé inexplicable entre eux. On se demande pourquoi il n'y a plus d'émotion entre eux. Pourquoi l'amour filial a-t-il disparu ? La réponse est diffuse et peu convaincante, sinon par quelques touches trop éparses.

Un récit intéressant donc, mais sans plus.

R.P.



18/06/2024
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