"Les Flots sombres" de T. Latil-Nicolas
"Les Flots sombres" de Thibaud Latil-Nicolas.
"Il porta une main en auvent et vérifia sa position. À une centaine de brasses, les côtes de Biscale dressaient un rempart formidable sur le vert grisâtre de l'océan. Les rochers rongés par les flots opposaient la masse de leur corps étendus à l'écoulement incessant du ressac."
Dès le départ de ce second roman, après le prometteur et excellent "Chevauche-brumes", le nouveau-venu Thibaud Latil-Nicolas semble nous régaler d'un récit immersif au service d'une plume fine et majestueuse. Entre profusion du vocabulaire et tournures de phrase poétiques, l'écriture de l'auteur ne manque pas de beauté, sans compter que son récit s'annonce riche en péripéties, surtout si l'on en croit la quatrième de couverture. Malheureusement, on se rend très vite compte de l'objectif commercial mensonger, car ce deuxième opus est bien moins palpitant que le précédent. Au bout de deux-cent cinquante pages, on pourrait presque dire qu'on s'ennuie. Alors, certes, le roman se laisse lire, mais il ne contient plus l'entrain ou l'aspect épique auquel "Chevauche-brumes" nous avait convié. "Les Flots sombres" ne contient plus cette belle montée en puissance qui nous avait tant plu sur le premier tome. La magie s'est malheureusement envolée, au dépens d'une linéarité malvenue, et le combat contre la créature marine ne sauvera pas la lecture du naufrage.
Principal défaut, à mon sens, le côté haché du récit. L'auteur s'éparpille entre les divers protagonistes et repousse les révélations, ou l'affrontement tant attendu, jusqu'à leur maximum, quitte à perdre tout suspense en route. On a l'impression d'être face à un pilote qui met tellement de temps à embrayer, pour passer la vitesse supérieure, qu'au final il a fait la course en première. En définitive, il n'y a qu'un rebondissement politique, grâce au personnage Juxs, et qu'une seule créature dans les eaux des îles jumelles, ce qui est fort peu pour un récit de trois-cent cinquante pages !
Alors qu'on pensait avoir affaire à un nouveau fleuron de la littérature de l'imaginaire, l'auteur Thibaud Latil-Nicolas nous déçoit et notre enthousiasme à son égard redescend d'un coup. Peut-être s'est-il trop précipité pour sortir ce deuxième volume, ou bien manquait-il d'inspiration ? Quoi qu'il en soit, il faut absolument lire les "Chevauche-brumes" et s'en contenter !
R.P.
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