Contre-critique

"Oscar et la dame rose" d'Eric-Emmanuel Schmitt.

"Là, Bacon, il a fait comme tout le monde à l'hôpital : il est devenu sourd. Si tu dis "mourir" dans un hôpital, personne n'entend. Tu peux être sûr qu'il va y avoir un trou d'air et que l'on va parler d'autre chose. J'ai fait le test avec tout le monde. Sauf avec Mamie-Rose."

Avec humour, tendresse et une certaine naïveté, l'auteur nous livre une sorte de grande nouvelle sur les derniers jours d'un enfant malade. C'est forcément émouvant, vu le sujet, mais pas énormément. Les tournures humoristiques et l'ingéniosité des propos de l'enfant écartent toute sensiblerie et le texte n'est jamais mièvre ou niais. Ce n'est pas non plus d'une éloquence extrême ni d'une grande intelligence, l'ensemble reste simple et efficace.

"Chaque fois que tu croiras en lui, il existera un peu plus. Si tu persistes, il existera complètement. Alors, il te fera du bien."

La croyance est l'un des thèmes phares du livre. Oscar, qui est atteint de leucémie, et dont le personnel soignant est pessimiste quant à sa guérison, va écrire à Dieu. D'ailleurs, tout le récit se constitue sur cette succession de lettres adressées à Dieu. Mais Oscar y croit-il vraiment ? Sur les conseils de Mamie-Rose, la dame en rose qui lui rend visite à l'hôpital, Oscar va se mettre à écrire à Dieu. Son point de vue transforme la narration en une sorte de conte métaphorique. L'auteur nous offre un parallèle entre l'existence humaine et la trajectoire d'une dizaine de jours de cet enfant malade qui se sait proche de la mort.

À recommander aux curieux !

R.P.