Contre-critique

"Tokyo Vice" de Jake Adelstein.

"Dans cette situation, je n'avais le droit qu'à une seule chance pour prendre la bonne décision. Il n'y aurait pas de second rendez-vous. Il n'y aurait pas d'erratum. Je sentais que je commençais à paniquer, mon estomac se nouait, mon œil gauche vacillait."

Le livre s'ouvre sur un ultimatum lancé par un yakuza à l'encontre d'un journaliste. C'est à la fois sobre et percutant. Aussitôt après, on apprend à connaître notre héros et auteur, Jake Adelstein, depuis son entrée au sein du prestigieux journal japonais - le "Yomiuri" - jusqu'à sa situation actuelle.

Soyons clair : il faut s'attendre à de l'investigation et à de l'auto-fiction (si courante au Japon) et non à de l'action, sinon vous risquez d'être déçu. Si vous désirez une plongée romanesque dans l'univers yakuza, lisez plutôt l'excellent "Mémoires d'un Yakuza" de Junichi Saga, car avec "Tokyo vice" c'est un récit autobiographique et journalistique qui vous attend. D'autant que ce n'est qu'après une centaine de pages que notre journaliste s'intéresse enfin au milieu mafieux et à ces yakuzas jusqu'au boutistes, appelés "gokudo". D'ailleurs ce n'est qu'à partir du chapitre "Disparitions en série au chenil..." que le récit devient plus palpitant. L'apparition de l'inspecteur Sekiguchi relance l'intérêt du livre et la dangerosité du milieu nous apparaît davantage.

"Peut-être qu'il a pris une seringue pleine de poison et qu'il la lui a enfoncée dans le cou. Tsuic ! Je l'ai vu tuer un chien comme ça une fois. C'était un gros chien. J'ai travaillé pour Kennel il y a longtemps. Mais plus maintenant. C'est un sale type. Il fait de sales trucs."

À mi-parcours, une virée dans Kabukicho va nous éclairer concernant l'infraction et le respect de la loi sur la prostitution ; apparaissent alors quelques déviances et autres dérives. Mais dans l'ensemble, ce "Tokyo vice" porte un titre racoleur et s'avère bien moins trépidant qu'il n'y paraît, dommage.

R.P.