Contre-critique

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"Le Nom du Vent" de P. Rothfuss

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"Le Nom du Vent" de Patrick Rothfuss.

 

"Puis est arrivé le deuxième coup de fouet. Il a résonné plus fort et c'est avec tout mon corps que je l'ai entendu, plutôt qu'avec mes oreilles. J'ai senti quelque chose céder dans mon dos. J'ai retenu mon souffle en comprenant que ma peau s'était fendue et que je saignais."

Alors qu'au départ on croirait une invasion de grosses araignées noires surnaturelles dans le pays où vit un étrange aubergiste, un dénommé Chroniqueur débarque et l'aubergiste se met à lui raconter son histoire, du temps où il était E'lir Kvothe.

Le récit contient de bons passages que l'on dévore d'une traite, mais aussi de longs appesantissements qui finissent par ennuyer. Il faut savoir qu'un peu à la manière de "Gagner la guerre", le roman s'attarde sur toutes choses, sur chaque minute de chaque journée, ce qui le rend inutilement long. Tout comme pour le livre précité, ce "Nom du Vent" manque cruellement d'ellipses. Ce sont tous deux des romans particulièrement plébiscités par les fans, mais qui en vérité auraient mérité de franches coupes car ils sont inutilement longs.

Alors que l'intrigue principale, dans le temps présent de l'auberge, n'est même pas en place, voici qu'on bascule dans le passé et que l'auteur nous retrace tout le parcours du jeune Kvothe, depuis ses débuts de saltimbanque, à sa première rencontre avec un arcaniste, puis le meurtre de ses parents, son errance de trois années, puis son entrée à l'Arcanum à l'âge de 12 ou 14 ans, puis ses mésaventures avec les professeurs et les étudiants, etc, etc, et l'on réalise qu'après tout ça, on se trouve à peine à la moitié du roman. Ouf !

Heureusement, il y a de bons moments au milieu, sinon le récit aurait été un véritable calvaire. On retient par exemple l'interrogatoire d'entrée à l'Université, la démonstration de sympathisme et les coups de fouet qui s'ensuivent, où encore le mauvais tour joué par Ambrose aux archives. Mais on a hâte que Kvothe grandisse, quitte l'Université et apprenne le nom du vent pour connaître le fin mot de cette soporifique histoire. Or l'auteur nous fait passablement lanterner...

"Tu vois, les femmes, c'est comme le feu, comme les flammes. Il y a des femmes qui sont comme des chandelles, claires et amicales. D'autres sont des étincelles solitaires ou des braises, comme ces lucioles que l'on chasse au cours des nuits d'été. D'autres sont comme des feu de joie, qui brûlent et réchauffent toute une nuit..."

Il y a évidemment une histoire d'amour au milieu. Celle de Kvothe et Denna, qui semble puissante et semée d'embûches, mais elle n'aboutit à rien, tout comme ce dragon, sorti de nulle part et qui se fait tuer aussi brusquement que son arrivée entre les pages du livre. Et l'on se dit, mais pourquoi l'auteur nous raconte tout ça et va-t-on arriver à une conclusion ?

Finalement, Kvothe apprendra le nom du vent au détours d'un hasard, sans savoir comment il a fait - et nous non plus d'ailleurs - puis le roman s'achève sans nous avoir rien raconté, sinon la jeunesse de son personnage central et la violente irruption d'un homme dans l'auberge du présent, mais qui, lui comme le dragon du passé, est évincé aussi rapidement qu'il est apparu, et sans que l'on sache le pourquoi de sa venue. À la fin du livre, on se demande si l'auteur avait véritablement un message, sinon celui de raconter des choses et de soulager son imaginaire ?

Alors le roman n'est pas mauvais, mais il n'est que le préambule de 780 pages d'une histoire qui sera certainement dévoilée dans les tomes suivants...

À réserver aux courageux qui ont du temps à perdre !

R.P.



02/04/2023
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