Contre-critique

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"Notre vie dans les forêts" de M. Darrieussecq

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"Notre vie dans les forêts" de Marie Darrieussecq.

 

"Elle était cernée jusqu'à l'horizon par les débris de corps et de métal mêlés, les sièges sur lesquels étaient encore attachés des cadavres, etc. Elle me racontait. En voilà une qui parlait facilement. Son mari et ses deux enfants avaient été pulvérisés..."

Bien que ce roman soit classé en littérature "blanche", Marie Darrieussecq et les éditions POL nous livrent un pur roman de science-fiction. Il débute dans un futur incertain, tandis que les hommes vivent aux côtés des robots et que la technologie est nettement plus évoluée que la nôtre. Le récit, écrit à la première personne, s'apparente à un journal dans lequel notre héroïne, ancienne psy réfugiée dans la forêt, se confie et nous raconte de façon décousue comment elle s'est retrouvée dans sa situation actuelle.

"L'ennui est physique. On ne sait pas comment vivre la minute qui vient. On est obligé de loger son corps quelque part, dans l'espace, mais ça ne mène à rien. On est écrasé dans les trois stupides dimensions, et on voudrait se désintégrer. On voudrait trouver la faille, passer dans une dimension légère, libre..."

La lecture est facile, presque trop, mais passées les premières pages, on commence à apprécier la narration et l'on découvre un monde intéressant. Au gré des informations glanées ça et là, le lecteur trace les contours de cet univers d'anticipation âpre et méthodique. Chaque homme y possède un double identique à lui-même, maintenu inerte dans un centre, afin de servir de fournisseur d'organes. Mais rencontrer son double et s'y attacher va donner des idées aux humains.

"La Voie lactée, on la voit comme un ruban. On croit qu'on est au milieu du ruban, au carrefour des voies en quelque sorte. Pas du tout. Le ruban, c'est une illusion d'optique. La Voie Lactée est une large spirale, un disque, comme la plupart des galaxies. Et on voit le disque par le côté. On est tout au bord..."

La deuxième moitié de ce court roman se lit presque d'une traite et on se laisse bercer par le récit, à la fois didactique et poétique. Certains paragraphes sont vraiment réussis, d'autres moins mais l'ensemble reste cohérent et prenant. C'est divertissant et peut-être légèrement touchant, sans pour autant nous offrir des révélations ni une pensée réellement profonde sur le sujet abordé. D'autant qu'il n'y a presque aucun personnages. On regrette aussi que Darrieussecq (ou mettons son avatar pour être indulgent) confonde Frankenstein et sa créature, mais ce n'est qu'un détaille.

À titre de comparaison, "Notre vie dans les forêts" s'avère plus facile et beaucoup moins abstrait que "Truismes". À découvrir donc !

R.P.



07/09/2018
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