Contre-critique

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"Des diables et des saints" de J-B Andrea.

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"Des diables et des saints" de Jean-Baptiste Andrea.

 

 "C'est seulement quand Mme Fournier me raccrocha au nez que je compris. J'étais malade. De toutes les malédictions des prophètes, de toutes les pestilences qui ravagent la terre, j'avais attrapé la pire. J'étais orphelin comme on est lépreux, phtisique, pestiféré. Incurable. Pour protéger les bien-portants de mes exhalaisons de souffrance, il fallait me mettre à l'écart."

On est accroché pratiquement dès l'ouverture de ce roman. L'histoire de cet homme, nommé Joseph, ce pianiste qui joue au hasard des gares et autres lieux publics, va se révéler intrigante, tendre et originale. On reconnait immédiatement la patte de l'auteur qui, décidément, en est un, car Andrea possède un style et un rythme qui lui sont propres.

Dans "Des diables et des saints", Joe va nous raconter son enfance, passée aux Confins, une sorte de pensionnat religieux des plus stricts réservé aux orphelins. Les épreuves y seront nombreuses et les rapports de forces incessants. Et, comme chaque fois, il y aura une histoire d'amour au milieu. Tout comme "Ma reine" ou le plus récent "Veiller sur elle", le personnage central aura une attraction irrésistible envers un personnage féminin. En fait, on pourrait dire que l'auteur réécrit constamment une variation d'un amour inaccessible. Dans ses romans, on retrouve toujours une femme forte, de caractère, indomptable et séduisante, derrière laquelle notre héros va courir et s'épuiser. Dans "Veiller sur elle" il est un nain sculpteur, dans "Des diables et des saints", il est un orphelin pianiste, mais le résultat est le même ; une fille hors de portée va lui faire tourner la tête.

"Sa fille fit un effort prodigieux pour se détacher du piano, rassembla ce qu'il lui restait de forces et me décrocha un regard de haine pure, comme si tout était ma faute. Devant le piano, elle était pauvre. Je lui avais jeté sa médiocrité à la figure, je crus longtemps qu'elle m'en voulait pour ça."

Si l'on compare ce roman-ci à un autre récit d'enfance passé au sein d'un foyer, comme "L’enragé" par exemple, force est de constater que l'écriture d'Andrea est autrement moins âpre et engagée que celle de Chalandon. Mais "Des diables et des saints" ne souffre pas tellement de la comparaison. Il est certes plus doux, mais aussi plus mélodique et plus enchanteur, tandis que "L'Enragé" ressemble davantage à un uppercut.

En définitive, il s'agit là d'une lecture agréable, intelligente et sensible, qui saura satisfaire un très grand nombre de lecteurs.

R.P.



22/07/2025
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