Contre-critique

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"La mer de la tranquillité" de E. St-J Mandel

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"La mer de la tranquillité" de Emily St. John Mandel.

 

"Le portail de la forêt. La phrase lui vient immédiatement à l'esprit, mais Edwin ne sait plus trop où il l'a piochée. Sans doute le souvenir d'un livre qu'il aura lu enfant. Les arbres, ici, sont anciens et énormes. On a l'impression de pénétrer dans une cathédrale, sauf que les taillis sont si épais..."

Le démarrage est assez lent et moins efficace que ses précédents ouvrages. De plus, il est question, dès la deuxième partie, de Mirella et Vincent, deux personnages issus de "L’Hôtel de verre". On est donc très heureux de retrouver un fil conducteur qui s'étend sur deux romans distincts, mais je ne suis pas sûr que les lecteurs qui ne connaissent pas l'oeuvre antérieure partagent cet enthousiasme. Par la suite, on découvre l'humanité dans le futur, avec Olive Llewellyn - sorte de double de l'écrivaine - qui exécute une tournée de dédicaces sur Terre. Dans le futur, en 2203, il y a des colonies lunaires, des aéroglisseurs et des holospaces.

Le voyage dans le temps est abordé, et des similitudes entre les différentes époques, avec le personnage de Gaspery Roberts, se trament. D'autant que c'est à la troisième rencontre qu'une astucieuse mise en abyme est utilisée par la romancière. À partir de ce moment-là, on est vraiment captivé par le fil du récit.

"Au vingt et unième siècle, dans une forêt, quelqu'un se retrouve subitement dans l'obscurité et entend des bruits provenants d'un terminal d'aéronefs deux siècles plus tard. Au vingt-troisième siècle, dans un terminal d'aéronefs, quelqu'un se retrouve subitement dans l'obscurité, submergé par la sensation de se trouver dans une forêt."

À la moitié du livre, lorsqu'on bascule franchement dans la science-fiction, avec l'hypothèse de la simulation, l'histoire frise le génie. Le postulat devient passionnant et particulièrement efficace. On comprend désormais pleinement où la romancière veut nous entraîner, alors qu'on ne s'y attendait pas du tout, et l'on prend un réel plaisir de lecture. D'autant que d'autres rebondissements surviennent.

Si vous aimez les boucles temporelles, comme celle de la série "Dark" ou du film "Prédestination", vous allez adorer, d'autant qu'à la fin, la boucle est bouclée.

Pas aussi excellent et marquant que "Station Eleven" mais c'est du très bon quand même que ce dernier roman où l'on ne s'ennuie pas une seconde.

R.P.



16/05/2024
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