Contre-critique

"Le meurtre d'O-Tsuya" de Junichirô Tanizaki.

"Certes, son âme ne pouvait être lavée de la souillure qu'y avait laissée le crime abominable qu'il avait commis, mais son visage, lisse et frais, n'en était pas le moins du monde marqué et ses prunelles dégageaient toujours le même charme enfantin."

Nous voici au cœur du Japon. On retrouve Shinsuke, un garçon placé en apprentissage, qui se trouve épris de la fille de son patron. Il sait qu'il n'a aucune chance de pouvoir l'épouser, vu leur différence de rang, mais bientôt, sous l'égide de Seiji qui se propose de les aider, il va se laisser embarquer dans une fâcheuse et périlleuse mésaventure. La fille en question, c'est O-Tsuya, une beauté qui n'est pas décidée à sagement obéir, ni à ses parents, ni à quiconque.

"Dans sa candeur, il croyait en effet que cette dernière traitait le "Patron de Sunamura" comme un vulgaire pantin, et, au fond de lui-même, s'émerveillait une fois encore que sa O-Tsuya d'antan fût devenue cette Somekichi si impressionnante."

Au fil des pages, la nouvelle révèle ses enjeux, sa trame amoureuse, et dévoile de nombreux rebondissements. Mais ce qui semble intéresser Tanizaki, plus encore que l'action et l'aspect palpitant (pour l'époque), c'est l'étude psychologique. En effet, le héros est pris en étau entre son désir de faire amende honorable de ses forfaits et son attirance pour la belle O-Tsuya.

Dommage que le titre nous indique le crime à venir parce que la nouvelle aurait encore gagné en surprise. Quoi qu'il en soit, on aime à suivre ces quelques nuits pleines de fièvre et de sang, où la manipulation et les arguments contraires s'entrechoquent.

Un court texte à recommander aux fans de littératures japonaises, et à tous ceux qui désirent s'y initier.

R.P.