Contre-critique

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"Les Solitudes de l'ours blanc" de T. Di Rollo

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"Les Solitudes de l'ours blanc" de Thierry Di Rollo.

 

"Je me retourne ; je n'aperçois rien de vivant. Et puis, mes yeux embrassent la pénombre bien trop vite pour repérer un détail, même infime. J'ai chaud, maintenant. Dans le fond persistant de mon esprit, quelque chose me somme surtout de terminer ce que j'ai commencé."

Malgré sa publication chez actusf, "Les Solitudes de l'ours blanc" est un polar à 90%, le seul don du personnage de LisaMarie ne justifiant pas une classification SF.

Tout commence avec un tueur à gages qui exécute un contrat - avec plus ou moins de réussite - et les conséquences que cela engendre. Puis on bascule sur un protagoniste au féminin, Jenny Erin, véritable personnage central du roman.

Pour ceux qui n'ont encore jamais lu un roman de Di Rollo, il serait tant de s'y mettre ! Le monsieur en a plus d'une dizaine à son actif, et la majorité sont de vraies réussites (lire "La profondeur des tombes"). Œuvrant souvent dans le polar, Di Rollo excelle à l'aide de thèmes sombres et d'une écriture acérée et cinématographique.

"- Arrêtez de m'appeler Marc. Arrêtez ! Et qui êtes-vous, bon sang ?

Ses yeux fouillent le bord noir de mon esprit, en retirent quelque chose dont je ne soupçonne rien : elle sourit, fugitivement."

On n'en apprend pas énormément sur les personnages, dans ce roman, juste ce qu'il faut pour les rendre attachants. Marc Clouzeau est donc un homme de 39 ans, qui, entre son oisiveté partagée avec les services de femmes payées pour ça, flingue les gens désignés par un commanditaire. Mais la chose appréciable, et qui évite la banalité, c'est le fait que Marc n'est pas un expert assassin indestructible. Il a ses faiblesses, et n'en sera que plus touchant lorsqu'on le redécouvrira 12 ans après, en quinquagénaire résigné, banal et alcoolique.

La jeune femme elle, Jenny Erin, n'est pas une simple fille qui cherche à se venger. Et son rejet de la gente masculine sera amoindri par l'affection douloureuse qu'elle porte au petit Théo.

Dans leurs différences, les personnages sont tout de même similaires. Comme le dit Marc à Durieux en début de roman "nous allons devenir des ours blancs, tous autant que nous sommes". Et la solitude pèse sur ses êtres finalement précaires et attendrissants, car ils chassent pour survivre.

"Le coup de feu, tiré depuis la sortie de secours, est suivie d'un long gémissement, puis d'une course précipitée vers le grand bureau. J'entrevois Walker, dans l'embrasure de la porte, qui tire une deuxième fois, manque sa cible."

Parsemé d'indices qui se recoupe en fin de lecture, le roman est vraiment agréable à lire. On aurait d'ailleurs souhaité que Di Rollo étoffe davantage son récit, afin de passer plus de temps avec ses personnages. Mais mieux vaut trop court et percutant, que trop long et ennuyeux.

Toujours sinueux et sombre, "Les Solitudes de l'ours blanc" devient malgré tout lumineux en fin de parcours. Et son côté philosophique ravira les amoureux de la pensée.

Court et dense, ce polar noir est une expérience à tenter.

R.P.



18/09/2013
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