"La Realidad" de N. Sinno.
"La Realidad" de Neige Sinno.
"Je ne suis pas seule. Nous sommes légions, une armée innombrable de soldats en déroute, qui errent sur la superficie de la croûte terrestre, et qui ne se trouvent pas, qui ne sont de nulle part et ne vont nulle part. Partout où je suis allée j'ai rencontré des gens qui ne se sentent pas à leur place..."
Une fois encore, la romancière use du procédé d'autofiction, à la manière d'un témoignage, pour nous raconter son expérience du Mexique. Elle se fait appeler Netcha et, avec son amie Maga, elles font un premier voyage au Sud du pays, au Chiapas, à la recherche de Marcos et des zapatistes. Elles y rencontreront Barbara mais ne parviendront jamais à La Realidad.
Si vous aimez les road trip ou les aventures en Amérique latine, vous serez ravis par le début du livre. Cela vous fera frémir et vous rappellera peut-être vos propres péripéties.
"Aucune vision ne peut se targuer d'avoir le privilège de la vérité. Je voudrais simplement souligner à quel point il est étrange d'arriver à un endroit que l'on a connu d'abord par la littérature. C'est une porte d'entrée, mais une porte dérobée, qui ne donne pas directement sur des paysages mais sur des interprétations de paysages..."
Artaud est mis en avant dans la première moitié du récit, et la narratrice nous parle longuement du périple au Mexique de cet homme de théâtre, et du fait que son voyage est remis en question par d'autres auteurs, car il serait possiblement une affabulation de sa part.
En fait, Neige tergiverse beaucoup, fait des digressions concernant les indigène et les indiens, ainsi que la différence entre ces deux termes. Ce n'est pas inintéressant, loin de là, mais il manque d'aventure. On navigue plus dans les questionnements de l'écrivaine et cela risque d'ennuyer le lecteur.
Au bout d'un moment, on ne sait plus ce que la narratrice veut nous raconter, entre ses souvenirs de jeunesse et son expérience chez les zapatistes, et cela nuit à la lecture.
Finalement, elle conclut sur sa place de Française vivant au Mexique, et aussi celle de sa fille, qui ne sont ni vraiment d'un pays ni de l'autre, et du fait que, selon elle, la double culture n'est pas vraiment une force.
De plus, elle réalise, par les non-dits, que le mal est partout, aussi bien en France, où elle a été violé, qu'au Mexique et chez les zapatistes. Et l'on réalise que l'écrivaine est hanté par son traumatisme.
Loin d'être aussi marquant que son précédent "Triste Tigre", qui abordait un sujet choc et inoubliable, "La Realidad" risque fort de décevoir son lectorat. Si l'écrivaine se contente d'écrire des témoignages et des expériences tirés de son vécu, elle va probablement tourner en rond, ce qui est regrettable.
R.P.
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