Contre-critique

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"Pauvre chose" de R. Wataya

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"Pauvre chose" de Risa Wataya.

 

"Et je n'ai pas détesté ça, être considérée et reconnue comme la copine officielle de Ryûdai par son entourage, j'en étais fière. j'étais heureuse que mon monde devienne deux fois plus vaste simplement par l'adjonction de l'univers du garçon que je fréquentais au mien."

Julie a une peur immodérée des séismes. À part cela, tout devrait bien aller pour elle vu qu'elle est amoureuse de son copain Ryûdai et qu'au travail elle est reconnue comme une personne fiable par ses collègues. Pourtant rien ne va plus depuis qu'Akiyo, l'ex de Ryûdai, habite chez lui. Comment supporter que son partenaire héberge une ex à la maison ? C'est tout le dilemme auquel doit faire face notre héroïne.

D'autant que Ryûdai est resté durant sept ans avec cette ex, et sans en avertir Julie. Cette dernière a donc de quoi se poser des questions. Wataya développait ainsi le sentiment amoureux et la jalousie, à même de parler à tout un chacun, malheureusement, son écriture devenue très explicite, ne permet pas à ce "Pauvre chose" d'être aussi libre dans l'interprétation que ne l'était "Appel du pied".

"Pauvre chose" était pourtant l'histoire d'un triangle amoureux assez énigmatique, et qui évoluait mystérieusement, sans que l'on sache si Julie avait tort d'accepter la situation, ou bien si la générosité à l'égard d'autrui était la plus sage décision.

"Faut que ça souffre pour balayer ces sentiments, oui, comme le cola, les bulles du soda qui vous arrachent la gorge pour dissoudre les boules de sanglots enfouies, pour échapper aux brûlures de la jalousie, donnez-moi du rite de sorcellerie."

En définitive, ce court roman nous met dans la peau de Julie, et nous fait ressentir tous ses états d'âme, un peu comme la révélation des détails d'une histoire d'amour à un confident. "Pauvre chose" se rapproche ainsi d'une lecture presque adolescente, avec son sempiternel : "Ryûdai me trompe ou pas ?". Et à part la discussion avec les américains Mike et Melissa, et la mauvaise compréhension qui s'ensuit, il n'y a pas de moment vraiment surprenant. La jalousie et les interrogations sont évidentes mais les sentiments ne sont pas suffisamment fouillés pour être passionnants. L'amour que Julie porte à Ryûdai paraît superficiel. On croirait un amour adolescent alors que les personnages sont presque trentenaires.

Heureusement que la fin, énergique et nerveuse, rehausse le niveau tout en révélant l'être profond caché derrière le masque que chacun porte au quotidien. Mais ça ne vaut pas non plus une critique dithyrambique et quant au prix Kenzaburô Ôe, il semble surestimé.

R.P.



22/02/2016
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