Contre-critique

"Bacchantes" de Céline Minard.

"Le silence vient tout juste d'être rompu par des raclements de gorge quand une déferlante de bruits de verre cassé écrase la pièce. Le logiciel d'analyse des affiche des couleurs extrêmes sur l'écran du négociateur."

Ah la la, quelle déception que ce "Bacchantes". Presque une nouvelle, avec un goût prononcé d'inachevé, ce court récit de braquage se lit très facilement et n'a rien d'insupportable, mais on en attendait mieux.

D'une, on n'est aucunement plongé dans l'ambiance d'Hong Kong. En gros, il n'y a pas de décor. La romancière ne nous transmet aucune image ou paysage et son histoire pourrait se passer n'importe où. Ensuite, les trois braqueuses n'ont pas de mobile. On n'apprendra jamais non plus comment elles sont entrées dans le bunker ultra sécurisé, à part grâce à un rat, ce qui n'explique pas tout. De trois, la fin n'est ni un twist, ni un prodige, et ne fait preuve que de peu de clarté. Enfin, l'humour n'est pas vraiment présent. J'ai lu des Soseki des Steinbeck, ou des Fante qui étaient beaucoup plus drôles, mais de loin.

Ici, les protagonistes manques de profondeur et de caractère, tout comme l'histoire. L'ensemble demeure creux et artificiel, sans décoiffer pour autant par le style. Il faut dire que la quatrième de couverture nous promettait un feu d'artifice, or celui-ci n'aura pas lieu. On s'accroche à ce qu'on peut, on cherche à imaginer l'ambiance, mais ça ne prend pas. Il y a peu de tension, pas de suspense, ni de véritable enjeu.

Pour résumer, un récit qui ne comporte que peu d'intérêt, et qui s'oubliera aussi vite qu'il n'a été lu. Entre celui-ci et "Le Grand Jeu", son précédent, on a plutôt du mal à accrocher à l'univers de Céline Minard, dommage.

R.P.